Le mérite dépend de sa naissance avec @Lilio de Lucas >// Milieu 56
Un camion s’arrête à l’entrée du District 5. Son conducteur, une femme à la peau basanée et à l’œil si peu naturel qu’il était de couleur verte fouille dans la poche de sa veste pour tirer une carte qu’elle offre à quelqu’un sur le siège près d’elle alors que deux autres voitures s’arrêtent non loin de là. Une bonne dizaine de personnes se réunissent à l’arrière du camion dans une ambiance étrange : personne ne parle, personne ne se regarde, mais tout le monde semble savoir ce qu’il a à faire. Le copilote, un homme assez grand à la stature mince et à la casquette noire vissée sur la tête passe la carte sur un lecteur qui ouvre l’arrière du camion. Le bip sonore semble être un déclencheur et chacun s’attèle à sa tâche : quatre d’entre eux s’occupent de décharger des boites en métal, deux autres s’occupent de mettre en marche des drones transporteurs. Pendant ce temps-là, trois personnes sont réunies autour d’un autre qui parle d’une voix claire, le dos droit, les cheveux impeccablement coiffés en arrière. Il semble très sûr de lui, tout en étant en décalage total avec tous les autres : sa veste de costume, sa cravate et ses ongles propres dénotent clairement avec les vêtements pratiques des autres et leurs airs fatigués, usés voir parfois un peu sales.
« Chin-Ho, tu prends la majorité des drones pour aller jusqu’au centre avec l’équipe B. Je ne veux pas de vagues, pas de trous dans l’inventaire et rien à vous reprocher. Si d’aventure, vous croisez des enfants, ne leurs donnez que l’adresse du centre mais rien dans la rue. Vous risqueriez de tomber dans une embuscade. » L’un d’eux acquiesce avec un air grave, sa main se refermant sur l’arme à sa ceinture. Sa posture est militaire, il semble parfaitement avoir les moyens de se défendre. « Shakti, tu dirigeras l’équipe A avec le drone médical pour ratisser l’Est. Priorité aux enfants volontaires, ou à ceux offerts par leurs parents. Si vraiment vous ne trouvez aucun nouveau résident, tournez vous vers ceux isolés. Pas plus de deux, cependant. Nous commençons à manquer de place. » La femme dodeline également avec un soupir, se grattant la tempe. « Quelque chose à redire ? » Auguste parle d’un ton ferme, le visage froid alors que ses sourcils se froncent seulement légèrement. Elle s’affole très légèrement et agite la tête rapidement : « Non, pas du tout, mon père. Pardonnez-moi. J’ai seulement hâte que les travaux pour agrandir commencent. » Auguste soupire à son tour, levant une main pour lisser sa veste comme pour essayer de recomposer ses forces. « Moi aussi, mon enfant. » Il fait un mouvement de la main mais avant que celui-ci ne s’achève les trois personnes serrent le poing et le cognent contre leur cœur avant de filer dans des directions différentes. Seule reste une femme aux cheveux roux et au bandana noué dans les cheveux. « Marie, avec moi ce soir. Va choisir quelqu’un qui te semble fiable pour nous accompagner et rejoignez-moi aux drones médicaux. »
Marie s’éloigne sans attendre et regarde quelques instants qui semblent une éternité les personnes présentes avant de tapoter sur l’épaule d’un homme aux larges épaules et à la peau sombre. Ses yeux jaunes font la navette entre Marie et Auguste et finalement après avoir terminé de décharger complètement ils se rejoignent. La Famille, à l’instar de l’Ordre, recherche les enfants qui esquivent leur devoir d’apprentissage pour leur donner une seconde chance de se racheter auprès de la Fondation. Ils pensent, et Auguste en premier lieu, que c’est de leur devoir de citoyens de faire respecter cette obligation cruciale. Chercher au sein des plus basses sphères précisément est une idée très chère à Auguste qui offre ainsi une seconde chance de briller à des gens qui ne font qu’exister sans but. Il veut être leur guide, celui qui leur apprendra les valeurs de la Fondation. Les trois déambulent dans les rues, le drone médecin au centre de leur petite formation. Marie reste silencieuse et Tobias ne dit pas plus, mais tout deux gardent les mains serrées sur leurs armes en cas d’attaque. Auguste, en tête de file, se contente de marcher le dos droit. Une main dans la poche, l’autre sur ses reins : il observe les alentours. L’odeur très forte d’urine et de pourriture de cette rue ne semble même pas l’atteindre. Il fronce à peine les sourcils, le regard voyageant de coins en ombres à la recherche d’une cible. Les rues étroites ne permettent pas davantage que cette petite formation, ce qu’il regrette évidemment. Il aurait préféré se promener ici en voiture sans avoir à salir ses chaussures.
Après de longues minutes à marcher, quasiment une heure, dans un silence de plomb : Auguste incline la tête sur le côté pour faire craquer sa nuque et s’immobilise. « Tobias...» Il lève la main qui était dans son dos et pointe vers deux jambes maigres qui dépassent d'un tas d'ordure. La tête de l'enfant semblent utiliser un sac poubelle comme oreiller, mais il n'a pas du tout réagit. Il semble avoir entre 10 et 12 ans.« Ramasse-le. » L’homme sursaute un instant avant de regarder Marie. Celle-ci redressant son arme, il approche donc de l’enfant pour lui porter secours. Son arme reste suspendue grâce à la bandoulière, il prend le pouls de l’enfants et vérifie qu’il soit bien inconscient avant de finalement le soulever et l’emmener vers le drone médical pour des soins. « On s’arrête ici un instant le temps que tu le soignes rapidement. On l’auscultera davantage au centre, fais juste le nécessaire pour qu’il ne meurt pas sur le chemin. » Ses mots sont rapides, ses gestes inexistants. Il ne regarde pas l’enfant, ni Tobias qui le soigne. Il regarde aux alentours, fronce les sourcils et s’éloigne du drone de quelques pas. Comme si c’était son ombre, Marie s’avance à son tour. Il est évident qu’elle est là pour le protéger lui et pas le convoi. « J’ai entendu quelque chose… » Il sort son poing de sa poche et approche l’origine du bruit, qui se renouvèle d’ailleurs. « Il y a quelqu’un ? » Marie dresse son arme, plus par prudence qu’autre chose.
District 5. Là où Lilio ne se sentait pas de trop. Même dans son propre district, il avait peur, peur de ses semblables qui refaisait le monde, à leur façon. Une guerre n'allait pas tarder a pointer le bout de son nez, il en était certain. Les exes devaient faire plutôt profil bas, ils n'avaient malheureusement pas leur mot a dire.
Il n'aimait pas les guerres, l'attentat dans le district 3, l'avait bien roder. Des flammes, des cris, des corps inanimés sur le sol bouillant, des bâtiments détruits. Rien que le fait d'y repenser, il frissonne et laisse échapper un petit soupir de peur.
- Ne t'inquiète pas, mon grand. dit le jeune homme. Je reviens t'apporter quelque chose à grignoter.
Il laisse l'enfant presque inconscient près des poubelles où ce dernier avait trouver refuge. Lilio était le premier à être dans une situation précaire, gagnant la moitié du SMIC traditionnel, il était le premier à donner le peu qu'il avait à ceux en avait le plus besoin. Lui, avait eu la chance de tomber sur une personne qui l'avait aidé à trouver un "job", et où vivre malgré son statut. Toute personne avait droit à une seconde chance.
Errant dans les rues malfamées du district, il sursaute aux moindres bruits suspects. Il se sent super mal à l'aise et décline toute proposition en s'inclinant à chaque fois. La dangerosité du lieu, lui fait courber l'échine et il se met à courir, trébuchant dans les déchets jonchés sur l'asphalte. Il y avait bien un magasin ouvert dans ce foutu district, non ?
Se réfugiant dans un magasin ouvert et presque à l'abandon, Lilio halète fortement et reste un moment immobile, reprenant son souffle. Le dirigeant le presse de faire ses courses, énervé d'avoir été dérangé dans sa lecture. Le brun rougit d'embarras et il slalome dans les deux rangées. Il écarquille les yeux en voyant le prix d'une simple bouteille d'eau et d'une simple gaufre. Tant pis, il rentrera à pieds dans le district 4, il aimait bien marcher de toute façon. Il paie sa consommation, dit un petit merci et demande pas son reste puis entreprends de faire le chemin en sens inverse.
Respirations erratiques et brusques, il longe les murs, ignore les cris et les appels des dealers de drogue. À ce moment là, Lilio s'imagine au bord d'un lac, où il serait en sécurité. Il ne l'a jamais été ici.
Arrivé dans la ruelle où il avait laissé le petit garçon, plusieurs personnes s'étaient attroupées devant ce dernier. Dont un homme bien habillé, il ne venait clairement pas de ce District. Qu'allait t-il faire de cet enfant?
Lilio se plaque contre le mur sombre, son rythme cardiaque s'emballe et le fait souffrir. Sa main lâche involontairement la bouteille, laissant échapper un son sourd. L'exe grimace alors que l'homme s'approche de lui et demande s'il y a quelqu'un.
Il savait que s'il s'approchait encore un peu plus, Lilio serait découvert. Avec le peu de courage qu'il lui reste, il se met à découvert, les mains au-dessus de la tête voyant l'accompagnatrice du chef pointait son arme vers lui. Le courage, il n'en avait pas, la peur le tétanisait et pourtant l'adrénaline lui fait ouvrir sa bouche d'habitude éternellement fermée.
- Vous... Vous pouvez baisser votre arme, dit le brun, le regard baissé.
Son regard chétif remonte vers ses interlocuteurs puis vers l'enfant dans les bras d'un autre homme. Faisaient-ils partit de la fondation? Kidnappaient-ils des enfants pour jouir de leur petit corps sans défenses ?
- Vous... Qu'est-ce que vous... vous allez lui faire ?
Le petit brun se doutait que les gens ici dans cette ruelle n'étaient pas là pour compter les champignons de la ville, alors il ne supporterait pas qu'un enfant souffre.
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Une main tranquillement installée dans sa poche, l’homme observe l’enfant des pieds à la tête. Un affreux petit exe, son nez se retrousse légèrement mais le reste de son visage semble resté de marbre. Il soulève un sourcil en l’entendant parler. « Vous... Vous pouvez baisser votre arme. » Auguste souffle du nez, mais ne réagit pas. Marie continue de pointer son arme sur l’adolescent sans frémir ni hésiter. Tobias quant à lui essaye de s’activer autant que possible, observant les alentours. Apparemment il craint une embuscade. Il dépose cependant l’enfant inconscient dans le drone médical. « Vous... Qu'est-ce que vous... vous allez lui faire ? Ce n’est qu’un enfant… » Les sourcils du patriarche se froncent alors qu’il retire lentement la main de sa poche. Il a l’air calme, lissant doucement de la pointe de ses doigts sa veste de costume. « D’après toi, Exe ? On l’emmène se faire soigner. » Ses mains se rejoignent et il se craque doucement les doigts, son visage semblant se détendre petit à petit, à chaque doigt craqué. Alors qu’il approche, Marie dresse son arme et semble viser un peu mieux, prête à tirer au moindre mouvement suspect du garçon aux oreilles pointues.
« A qui tu crois parler ? J’ai vraiment l’air d’un trafiquant d’enfant ? » Un léger rire discret qui n’agite qu’à peine ses épaules et ne tire par ses lèvres assez pour que son sourire remonte jusqu’à ses yeux. Le père lève les pieds, essayant d’éviter les ordures pour rejoindre son interlocuteur. « J’étais pourtant sûr de dégager un peu plus de prestance que ça. T’imagines Marie, on avait l’air de trafiquants d’enfants tout ce temps ? » Marie ne bronche pas, son arme toujours pointée sur sa cible comme si rien ne pouvait la déconcentrer un jour. Finalement, Auguste arrive à hauteur du garçon avec un soupir, époussetant machinalement son costume bien que cela ne fasse aucune différence. « Quel endroit terrible… » difficile de percer son ton : du dédain ou de l’amusement ? Quelque chose comme ça, mais rien n’est moins sûr. Marie ne semble pas particulièrement déboussolée, mais Tobias lui a terminé de s’occuper du gamin et prend désormais son arme à bras le corps pour regarder alentour si d’autres viendront. « Est-ce que t’essayes de nous tendre un piège, l’Exe ? » Le sourire d’Auguste est fixe, mais son regard semble beaucoup plus sombre. Comme s’il essayait de contenir un flot incroyable de haine et de violence. Il pourrait tendre le bras et toucher le front de Lilio, il est si proche. Si proche qu’il pourrait le toucher et être touché en retour. L’air semble s’épaissir, les gens ne bougent plus, les armes sont pointées sur lui, attendant une réponse.
La haine, le dégoût et le dédain. Tout ce que l'exe inspirait à autrui. Il avait pris l'habitude, regard froid, geste condescendant. La place qu'il méritait était aux pieds de nos fondateurs.
Il en avait vu des regards remplis de haine, mais un comme celui qui le toisait jamais. La femme ne baisse pas son arme et Lilio tressaille comme si on venait encore une fois de lui enfoncer une aiguille dans le corps, alors que la voix de l'homme retentit, froide et hargneuse. Le soigner ? Soigner un enfant par la fondation ? C'était faux, il allait effectivement le soigner pour mieux le disséquer ensuite. Quel homme laissait faire ça et surtout pour quelles raisons ? La vie n'était pas un luxe à Kepler, tu survivais comme tu pouvais, mais les enfants, eux n'avaient rien demandé.
"Menteur !!" Fut le premier mot qui avait fini sa course a l'intérieur du gosier de l'exe. L'enfant ne méritait pas ça, ni de crever de faim, ni de devenir une loque au profit de la fondation méprisant toutes les citadin de Kepler.
- Et... et après qu'allez-vous lui faire ? Après, après l'avoir soigné ?
Sa voix tremble, elle n'est pas si assurée que son homologue qui se rapproche un peu plus. Mais avait-il le choix de trembler devant la moindre petite tache qui assombrissait un peu plus son tableau ? C'était la première fois que Lilio ouvrait la bouche pour dire ce qu'il ressentait une grande première. Mais ce n'était peut-être pas le meilleur moment.
- Ne lui faites pas de mal ! C'est qu'un gosse ! Continua Lilio, la voix basse.
L'homme s'excéde légèrement, pourtant sa voix est toujours monotone et frigide, s'approchant un peu plus de lui. Le brun était en train de parler à la fondation qui était en train elle-même de kidnapper des enfants pour le bien commun. Mais quel bien commun ? Les profits n'étaient autres que pour appauvrir les habitants d'un coté, et enrichir la fondation de l'autre. C'était bien pour ça qu'on en été arrivé là ! Mais tout ça, Lilio le garderait pour lui, dans son fort intérieur, pour rien au monde, il voudrait retourner dans les méandres d'un passé incertain et douloureux. Il avait cru mourir et il était encore là.
La prestance faisait pas mal à Kepler. La hiérarchie de l'habit, plus ont été mieux habillé mieux ont été haut gradés. Et à part son ton extrêmement rigide, il était peut-être comme tout le monde en fait, un humain comme les autres ? Quand ça n'allait pas, ce que faisait Lilio, c'est qu'il imaginait tout ses grands Monsieurd dans leur plus mauvais appareil, ca lui donnait un peu de baume au coeur, sachant que tout être humain avait leur faiblesses.
- Je... je sais ce que c'est un endroit terrible... Murmure l'exe. Et le pire n'est pas ici...
Remarque équivoque, ici, dans le district 5, n'était pas le pire. Le pire était les tables en metal froides, les scalpels, les lumières intenses qui brulaient les yeux... Les murs maculés de blanc. Tout ça, c'était l'enfer, bien moindre que les choses belliqueuses de ces rues malfamées.
- Non, je suis seul... Comme la plupart des gens, ici.
Ils avaient peur, vraimentc peur d'un exe? Lui, qui ne ferait pas mal, à une mouche?
- S'il vous plaît, donnez-lui de l'eau au moins... qu'il boive...
L'introverti s'abaisse pour récupérer la bouteille d'eau, tombée il y a quelques minutes à ses pieds et la tends à l'homme qui le méprisait. Ce regard, Lilio le fuyait.
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La colère grimpe doucement, elle remonte de son cœur et hérisse doucement les poils de sa nuque puis fait frémir la peau derrière ses oreilles. Auguste observe le petit être se dépêtrer alors que son dégout ne fait que s’intensifier. Il l’écoute parler et sa voix, progressivement, lui semble de plus en plus insupportable. Ses poings se crispent doucement dans ses poches et finalement il lâche un profond soupir si long qu’il semble se vider les poumons. Ses sourcils se soulèvent, comme s’il avait été forcé de prendre une décision et il se tourne simplement vers Marie en haussant les épaules, un léger soufflement de nez qui pourrait faire penser à un rire qui s’échappe de ses naseaux.
Soudain il se tourne, son pied se soulève et sans vraiment prendre d’élan vient se ficher dans son ventre avec une certaine puissance liée aux années d’entrainement au combat. Auguste observe le gamin être projeté un peu plus loin, pas assez à son gout et approche avec les mains toujours enfoncées dans ses poches de costume. Il s’arrête devant lui et observe ses chaussures avec dépit. « Je suis venu sauver cet enfant, et je n’ai pas besoin de tes leçons d’Exe pour savoir comment m’y prendre » doucement il vient frotter sa chaussure contre le tissu couvrant l’épaule droite de Lilio, comme pour essuyer sa chaussure. « Si tu connaissais ta place dans ce monde, t’aurais pu t’en sortir sans ecchymoses. Mais il a fallu que tu baves… »
Auguste se redresse et dans un mouvement lent et maitrisé fait craquer à deux reprises sa nuque avant de rouler des épaules, retirant enfin ses mains de ses poches. Sa mâchoire se crispe alors violemment, très soudainement, et il reprend de l’élan pour frapper à nouveau le gamin en prenant de l’élan cette fois. Les bras redressés, comme pour assurer son équilibre, il le roue de coups toujours plus fort, le regard pétrit de haine et de violence. Il semble enfermé dans sa bulle de rage, comme fermé aux autres tandis que Marie ne bronche pas, conservant son fusil braqué sur la petite forme tabassée par le père. « Je suis l’Ordre, je sers la fondation ! Je ne suis pas une de ces racailles qui vends ou profite des enfants !» Auguste semble prêt à cracher lorsqu’il parle de racaille, son dégout pour les basses classes semblant déborder par tous ses pores.
« JE ! SUIS ! L’AVENIR ! » Nouvelle pause, il reprend son souffle puis recommence à frapper en rythme. « JE ! SUIS ! L’ORDRE ! » Finalement il arrête de le frapper, penché en avant avec les mains sur les cuisses. Il est essouflé, les cheveux habituellement ramenés en arrière tombent sur son visage en quelques mèches trop longues qui recouvrent ses yeux et sa bouche en partie. « J’espère… avoir été… clair… Pfiou !» Il se redresse en passant la main dans ses cheveux, ramenant ses mèche en arrière pour se recoiffer comme il peut avec un petit air suffisant vers la petite chose maltraitée. « N’oublie pas qui tu es, vaurien. » Le médecin tire un mouchoir de sa poche pectorale et tapote son front transpirant avec douceur et élégance.
Lilio n'avait jamais vu un regard aussi méprisante, enfin si c'était le cas, il ne s'en souvenait pas. Le cerveau était un organe plein de ressources. Ce qu'il n'avait pas envie de mémoriser, était effacé de la carte mère et tous les autres souvenirs heureux étaient, eux, conservés dans un disque dur.
Ce qui se passait à cet instant, l'éxé voulait effectivement l'effacer de sa mémoire. La bouteille d'eau explose sous le bitume froid, éclaboussant ses chaussures. Sa vision se brouille, alors que la douleur se veut lancinante et le fait basculer à terre. Lilio a mal, mais la géhenne est son boulet accroché à sa cheville depuis toujours. Alors il ne gémit pas, et essaie de se relever sans un mot.
L'enfer, le petit brun, il le sent si pres de cette personne qui se prétends sauveur de cet enfant mal aimé de cette société bridée. Son tortionnaire l’écrase sur le sol, lui déboîtant un peu l'épaule. Ces souffrances lui font crisper la mâchoire, mais il ne dit rien.
- Pour... Pourquoi... Vous faites... Ça ? Geint-il.
Il le savait, mais Lilio voulait l'entendre. Sa place était basse, plus basse que tout le monde. Mais le district 5 n'était pas justement pour les classes inférieures? Il ne voulait qu'aider cet enfant. Il n'était là ni pour froisser l'égo de certains ni pour frimer. C'était un des seuls qui acceptait sa condition sociale. Les autres exés étaient plutôt du genre à se rebeller...
Pourtant ça ne calme pas son interlocuteur qui reprend ses coups, plus forts, plus violents, remplis de haine et de mépris. L'Ordre faisait donc ça ? Tabasser les gens? C'était pathétique, mais encore quelque chose qu'il gardera pour lui. Un petit "hugh", sort de sa bouche pâteuse d'hémoglobines, alors que son bourreau crache sa haine par des coups de pieds sur son abdomen. Le jeune éxé jette un coup d'oeil aux accompagnants de cette brute libérale, ils ne bronchent pas et acceptent la situation, situation qui lui échappe. Qu'avait-il fait pour en arriver là ?
La douleur s'estompe au fur et à mesure qu'il frappe, mais son corps maintenant est rodé et l’anesthésiant qu'est l’adrénaline fait bien son effet. L'homme en costume s’éloigne et se calme par des gestes impériaux et pathétiqueS. Lilio bouge un peu, autant qu'il peut, regard vers l'enfant dans les bras de la fondation et avec la force qu'il puise, on ne sait ou il se redresse. Mains blessées, sur le parpaing, il crache du sang, mais se relève, ses jambes en coton.
- Laissez cet enfant tranquille, si vous prétendez ne lui vouloir aucun mal...
Il savait qu'il n'allait pas survivre à cette altercation, alors autant qu'il prône pour la liberté et de n'être plus enfermé dans une cage comme des loups destinés à l'abattoir.
- Tuez-moi, si vous le souhaitez, prenez moi à sa place, mais laissez le.
"Désolé Milo, j'aurais tant voulu savoir où nos retrouvailles nous aurait mené..."