The sky above the port was the color of television, tuned to a dead channel.
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Nous n'étions que des gosses à qui ils ont pris corps et âme. [Lilio De Lucas]

Megara Foxwell
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Megara Foxwell
Sujet: Nous n'étions que des gosses à qui ils ont pris corps et âme. [Lilio De Lucas]

Un parfum de transpiration mêlé à la friture et aux ordures chatouillait mes narines. Les délices de ce quartier me donnaient la nausée. Les façades des restaurants miteux du District 4 s’entassaient et se ressemblaient toutes : béton gris, néons grésillants aux éclairages fluos, et cette puanteur. Je n’avais pas l’habitude de côtoyer les bas-fonds de notre District, mais il m’arrivait de ne pas avoir le choix de m’y rendre pour affaires. Je m’y étais rendue quelques jours plus tôt pour rappeler à un Exe endetté qu’Ero Production ne faisait pas crédit et que les plaisirs distribués n’étaient pas gratuits. J’avais réglé ses dettes à ma manière.

C’est lors de mon détour dans ce quartier que je l’avais vu à travers la vitrine. Il faisait le ménage dans l’un de ces restaurants nauséabonds où il valait mieux boire de l’alcool plutôt que de l’eau croupie. Je l’avais reconnu de suite avec ses oreilles pointues et son regard de chaton. Je ne m’étais pas arrêtée, pensant que cela était sans importance. Le sort en avait décidé autrement puisque j’avais passé la nuit entre cauchemars et insomnies. Les seringues, la contention, les migraines… Dans les pires moments de la vie, le visage rassurant d’un ami vous marquera toujours. Dans mon cas, il s’accompagnait de toutes les souffrances possibles. Mon estomac se nouait et je savais qu’il fallait que je lui reparle pour dénouer toutes ces tensions.

C’est pourquoi je me tenais de nouveau, une semaine plus tard et à la même heure, devant la vitrine du Neptune. Et il se trouvait là, à nettoyer les tables. Lilio. J’expirai et poussai la porte du petit restaurant. Je m’avançai vers lui et m’arrêtai à deux pas de lui, m’appuyant contre l’une des tables, bras croisés. Je portais des vêtements sombres, un blouson de cuir un peu usé et un pantalon moulant.

« Salut, Lilio. »

Je le dévisageai de bas en haut. Le quotidien du District 4 l’avait probablement rendu aussi miteux que ce restaurant dans lequel il travaillait. Il valait mieux que ça, mais il était bien trop gentil pour prendre les devants. Déjà, au centre, lorsque nous avions fait connaissance, il m’avait montré la plus belle part de sa personne et je revoyais en lui le petit garçon plein d’espoir que j’avais connu. Etait-il toujours le même ou bien était-il désenchanté désormais ? Les expériences l’avaient bien abîmé. A moins que ce ne soit la vie dans le District 4 ? Je lui adressai un sourire moqueur car il paraissait surpris de me voir. La dernière fois que je l’avais vu, c’était le jour où ils m’avaient relâchée dans le District 4. J’avais une quinzaine d’années, il en avait une dizaine. Nous avions passé un an à subir les mêmes atrocités. Ça crée des liens. Des liens plus forts que leurs putains de bracelets de contentions. Nous n’étions que des gosses à qui ils ont retiré toute dignité et surtout toute foi en l’humanité. Corps et âme, ils nous ont tout pris. De vulgaires cobayes. Des Exes.

« Tu ne salues pas une camarade de galère ? Tu te souviens de moi, j’espère... p'tit frère ? »

Jeu 23 Juil - 21:18
Lilio De Lucas
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Sujet: Re: Nous n'étions que des gosses à qui ils ont pris corps et âme. [Lilio De Lucas]

Les tables sales, les sols croupis d'alcools forts. Il les nettoyait un jour sur deux. C'était devenu son quotidien depuis presque un an. Nettoyer des tables et des sols alors que l'environnement dans lequel ils se trouvaient était encore plus miteux. Mais avait-il le choix ? Non, bien sûr que non. Dans le district 4, tu n'avais pas, plus vraiment le choix.

Lilio s'estimer heureux d'avoir un travail et pouvoir payer son logement, si l'on pouvait appeler ça un logement. Beaucoup d'exes n'avaient pas eu la même chance que lui, d'autres finissaient mort de faim, ou encore plus détruit de la vie. Mais la mort n'était-elle pas le seul dénouement final que les exes pouvaient en attendre ?

Savon sur un morceau de tissu, Lilio frotte le bois rugueux de la table sur laquelle quelques clients fidèles viennent manger parfois. Il n'avait pas le droit d'aller en cuisine, pourquoi ? Il n'en savait rien, peut-être parce que c'était pire que la salle de reception? Ou peut être qu'un exe pouvait piller les denrées. Depuis quand, il n'avait pas mangé un repas équilibré ? De plus loin qu'il s'en souvienne, il était encore avec ses parents... Des pâtes, bolognaises, peut être le dernier diner qu'il avait mangé ce fameux soir.

Un tape assez forte derrière la tête, et une voix rocailleuse lui intime d'aller plus vite au risque d'être un peu plus battu. Il accélère la cadence alors que le patron -un homme gras et antipathique- gueule sur le cuisto. Lilio ferme les yeux, crispe ses mains sur le torchon humide, attendant que la tempête de son patron soit passée, que les cris de son collègue cuisiner se calment. Ça aussi, c'était un journée dite "normale".

Le clairon de la porte annonce une nouvelle arrivée, mais Lilio fait bien ce qu'on lui a dit : ne jamais relever la tête et continuer son dur labeur. "frotte, frotte, reste à ta place ! Ta misérable place..." Pourtant, on l'appelle, on connaît son prénom ? Qui pouvait connaître son nom ? Une voix plutôt douce qui l'incite malgré lui, malgré les remontrances qu'il risquait, de relever la tête. Ses yeux s'écarquillent et il relâche le chiffon de sa main, comme s'il venait de voir un fantôme.

Megara ? C'était Megara, la fille avec qui il avait passé un peu de bon temps dans le laboratoire. Elle avait été là quand il n'arrivait plus à vivre. Ils avaient joué ensemble, comme des enfants pouvaient le faire dans ces circonstances desastreuses. C'était devenu la grande sœur qu'il n'avait jamais eue. Elle était belle, malgré les taches sur son visage, similaires aux siennes. C'était devenue une belle jeune femme malgré leur misérable vie.

- Meg ? Megara ? Tenta t-il timide.

Doucement, il se rapprocha un peu d'elle, ne la lâchant pas du regard, comme si le fait de cligner les yeux, allait la faire disparaitre de son souvenir enfouit au plus profond de lui.

- Megara !!! Dit-il en lui sautant au cou.

Il rougit de son audace, mais aussi de plaisir, ça lui faisait tellement de bien de la revoir, de voir qu'elle non plus n'avait pas fini en charpie pour la fondation, ou six pieds sous terre.

- Qu'est-ce que tu deviens ? Continua t-il en se détachant. Tu vas bien, hein ?

Lilio reprit son timbre assez timide, mais toujours aussi bienveillant et frotta une de ses mèches de cheveux entre ses doigts.

- Je suis tellement content de te voir ! Vraiment...

Il regarde un peu autour de lui, de peur d'avoir fait trop de bruit, mais on n'allait pas réprimander la joie de vivre en ces temps qui courent, si?

Sam 25 Juil - 13:48
Megara Foxwell
Utilisateur
Megara Foxwell
Sujet: Re: Nous n'étions que des gosses à qui ils ont pris corps et âme. [Lilio De Lucas]


Mon sourire s’élargit lorsque je vis dans les yeux de Lilio qu’il me reconnaissait. Nous y voilà. Des retrouvailles des années après. Je n’avais pas l’habitude de ressentir ce genre d’émotions, mais tout ce qui touchait à mes années au centre avaient un caractère sacré, quelque chose d’intouchable que je préservais comme un enfant. Je nourrissais le monstre de mes cauchemars en le préservant coûte que coûte. Un genre de syndrome de Stockholm envers mes souvenirs de ces expériences torturées.

Enfin, il me dévisagea puis s’approcha sans me quitter des yeux. Et il me sauta au cou. Comme ça. Comme un enfant, comme l’enfant qu’il avait été autrefois et que j’avais laissé seul à la Fondation. Mes bras entourèrent son buste frêle, bien qu’il se soit un peu endurci en grandissant, Lilio restait bien fin, et je l’étreignis quelques secondes. L’entendre prononcer mon nom et avoir cette réaction me fit chaud au coeur. C’était un brave petit à l’époque et je lui devais beaucoup. Il semblait être resté la même personne.

Il s’écarta ensuite de mon étreinte et me demanda comment j’allais, ce que je devenais. Sa voix intimidée et son tic de se toucher les cheveux ; il n’avait pas changé ! Je m’appuyai de nouveau contre la table en croisant les bras pour lui répondre avec un sourire amusé :

« J’vais bien, t’en fais pas. »


Je vis mon camarade de la Fondation jeter des regards inquiets autour de lui. Qui craignait-il donc ? Un client  cabochard? Un patron violent ? Je me redressai et fis quelques pas dans le Neptune, autour de Lilio. La salle crasseuse malgré le travail de Lilio et certainement d’autres employés c’était la normalité dans le District 4. Seuls quelques lieux où l’on accueillait les pointes des Exes ou certains Humains assez fous ou riches pour s’aventurer jusque là étaient un peu plus propres.

« Je suis contente de te voir aussi, Lilio. Les choses ont bien changé pour moi, depuis la dernière fois. »

Les regards que me jetaient quelques clients, les chuchotements qu’ils osaient parfois se glisser les uns aux autres, pouvaient confirmer qu’ils savaient très bien qui j’étais. La crainte et le respect que j’inspirais m’apportaient toujours une certaine jouissance. Mais ces petits plaisirs n’étaient jamais suffisants. Je sentais bien que ce n’était pas cela, le vrai bonheur.

« J’en aurais pour des heures à tout te raconter et je veux aussi savoir ce qu'il t'est arrivé ! Je te propose un marché : tu me dis quelles boissons on sert au Neptune, je m’assois et j’attends que tu aies terminé ton service. Après ça, on pourra aller ailleurs pour discuter un peu. T’en dis quoi ? »


Je m’étais de nouveau rapprochée de lui pour lui souffler ces quelques paroles. Je voyais bien qu’il n’était pas à l’aise ici et avant de lui faire perdre son job minable, je voulais discuter un peu. Lilio ne méritait pas de perdre son travail parce que je l’avais forcé à me parler sur ses heures de travail. Je comptais le sortir de sa condition de merde, mais dans les règles de l’art ! Accepterait-il seulement la vie que je lui proposerais ?

Dim 26 Juil - 11:20
Lilio De Lucas
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Sujet: Re: Nous n'étions que des gosses à qui ils ont pris corps et âme. [Lilio De Lucas]

Les quelques clients restant chuchotèrent en leur lançant des regards équivoques. L'exe se mordit la lèvre, il ne se savait pas si c'était parce tout les deux faisaient trop de bruit, parce qu'ils étaient des exés ou si les clients étaient intrigués par la brunette. Seule chose dont le brun était certain, c'était qu'il n'aimait pas attiré l'attention et là, vraisemblablement c'était la bête de foire.

Il lui sourit lorsqu'elle lui annonce avec nonchalance que tout va bien pour elle. C'était jouissif de savoir qu'elle avait réussi dans sa vie malgré les circonstances épineuses. Les éxés n'avaient pas trop le choix que de survivre et trouver un "boulot" ou ils mourraient dans d'atroces souffrances.

Il aurait tellement voulu la serrer un peu plus dans ses bras, lui dire combien elle lui avait manqué, qu'elle lui avait tellement apporté lorsqu'il s'était enfermé dans son mutisme au sein du centre médical, mais il n'en avait pas le droit ou du moins pas ici, pas en plein son travail, et même s'il le détestait, Lilio en avait besoin pour vivre. Et comme si sa camarade avait compris son trouble, la brune lui proposerait de l'attendre après son service.

- Vas y installe-toi, ou tu veux ! Je t'apporte la carte ! dit l'introverti en souriant.

Sans crier gare, il se rapprocha du bar, jetant des regards autour de lui, au cas où le gérant arriverait. L'exe n'était là que pour nettoyer et laver, son boulot se résumait à ça. Les tâches les plus ingrates de tout ce qu'on pouvait imaginer. En aucun cas il devait toucher aux boissons, bouteilles et servir un verre à quiconque. Mais ce n'était pas n'importe qui et il voudrait prendre le risque, pour une fois. Il chope une carte et l'apporta à la jeune fille sous les murmures des clients.

- Voilà, Mademoiselle ! annonça-il avec un sourire sincère. Le service à table est plutôt long, mais n'hésite pas à le faire remarquer...

Le jeune homme retourna à sa table où reposaient ses ustensiles de travail.

***

Le reste de la journée fut un calvaire pour l'exe. Un client mécontent que deux exés soient dans la même pièce qui plus est, l'un ayant dérogé aux règles, était allé se plaindre au directeur.

Quand il revint, en salle, les coups avaient douloureux tel que Lilio boitait alors que le ricanement du client mécontent résonnait dans sa tête. Pourquoi certains se complaisaient dans le malheureux des autres ? Avait-il fait quelque chose de mal dans sa vie pour qu'il récolte autant de dédain ?

Se changeant dans le local prévu à cet effet, il remit son t-shirt de seconde main, Lilio fixa ses longues traces rouges sur son dos qui accompagnent les souvenirs d'un passé qu'on voudrait oublier. Il remonta le haut afin de cacher les cicatrices, comme si cela allait les effacer.

Les épaules basses et le regard fuyant, il traversa le bar à la vitesse de l'éclair oubliant presque de respirer afin de rejoindre son amie.

- Je suis là, dit Lilio un peu timide avec un sourire, en sortant du restaurant.

Il se doutait qu'au vu du caractère de Megara, s'il n'avait pas changé, elle risquerait de mettre sur le tapis ce qui s'est passé. Mais il n'en avait pas envie, juste parce qu'il avait pris l'habitude et que chacun vivait sa vie comme bon lui semblait.

- Alors que devient ma grande amie Megara? Demanda t-il curieux.

Et puis, ils étaient là pour savoir ce que sa camarade d'infortune, lui le tableau qu'il lui avait offert était inutile de parole.

- J'ai tout mon temps, raconte-moi tout ! Je suis hyper curieux.

Sam 8 Aoû - 22:15
Megara Foxwell
Utilisateur
Megara Foxwell
Sujet: Re: Nous n'étions que des gosses à qui ils ont pris corps et âme. [Lilio De Lucas]

Lilio m’installa à une table et m’apporta la carte. Les regards, les murmures, je n’en avais plus rien à foutre. Un seul coup d’oeil dans leur direction aurait suffit à leur faire mouiller la chaise. Je souriais. Ravie. Je suis restée là un bon moment, dans ce restaurant miteux, à regarder mon ami trimer et au fond de moi c’était un feu d’artifice d’émotions. Partagée entre la joie de le retrouver et la colère face à ses conditions de vie si tristes. Lilio valait mieux que ça. Je serrai les dents lorsque le patron mécontent fit une brasse à son employé si bien qu’il revint dans la salle en boîtant. Et cette pourriture qui s’était plainte de Lilio souriait allégrement, satisfait de sa boisson gratuite. J’allais lui faire ravaler son sourire. Littéralement. Lorsque celui-ci quitta la restaurant, je réglai la somme et le suivis dans la rue. L’homme, un quarantenaire grassouillet qui puait les hormones de renforcement sexuel, avait les cheveux gras et transpirait à grosses gouttes dans sa chemise grise à manches courtes.

Je devais faire vite avant que Lilio n’aie terminé son service. Dès que l’occasion se présenta et que l’homme s’engagea dans une ruelle, je m’engouffrai derrière lui et m’équipai d’un poing américain que je traînais toujours dans mon sac à main. Le long de ma cuisse, un couteau. Je me laissai le défi de ne pas l’utiliser. La ruelle n’était pas vide, mais ici, au District 4, personne ne dirait rien. Un meurtre, un passage à tabac, mieux valait ne pas s’en mêler, particulièrement lorsque le crime est perpétré par une femme au teint décoloré par le vitiligo. Je me raclai la gorge. Le temps se suspendit.

« Alors, mon chou, ça te pose un problème de manger en face d’un exe ? »


L’homme se figea. Le reste s’enchaîna très vite. Je m’avançai vers lui et lui décochai un coup de poing dans la mâchoire. Il s’écroula au sol et aussitôt je plaquai mon talon sur sa joue.

« Je n’ai pas beaucoup de temps à t’accorder. »


Alors qu’il était encore au sol et tentait péniblement de se relever, je m’accroupis et le bloquai avec mon genou. Il aurait pu être plus fort que moi mais le poing américain l’avait bien amoché.

« Ne t’avise plus jamais de mettre les pieds dans ce restaurant ou je me déplacerai moi-même pour te couper cette jolie langue que tu as bien pendue. »

Je lui donnai une petite tape sur la joue et lui fis un clin d’oeil avant de me relever. L’homme essaya de me frapper de ses jambes mais il était lent. Je lui donnai un coup de pied dans l’abdomen et réitérai plusieurs fois. Pour finir, je me recoiffai et rangeai le poing américain couvert de sang dans mon sac à main, après l’avoir essuyé sur la chemise de l’homme qui braillait. Je quittai la ruelle en souriant. Personne ne s’en prenait à Lilio.

Je retrouvai mon camarade Exe devant le restaurant. Il venait de franchir le seuil après avoir quitté ses habits de travail. Ma petite entrevue avec le sale type de la rue m’avait un peu calmée, mais je voyais bien dans les yeux de mon ami qu’il y avait une profonde tristesse, installée là depuis longtemps. Le fait qu’il n’aborde pas ce qui s’était passé dans le restaurant me le prouva et cela m’énervait. Pourquoi fuir ? Je pouvais l’aider à combattre ces personnes qui l’oppressaient. Je ne pris pas la peine de lui répondre lorsqu’il me demanda de mes nouvelles. Je le regardai droit dans les yeux, plaçant mes mains sur ses épaules, et je lui dis avec une grande sincérité :

« Dis-moi un seul mot, Lilio, et je fais de la vie de cet enfoiré un enfer. Aucun patron n’a le droit de te traiter comme ça parce que t’es un Exe. Il devrait plutôt te remercier. »

J’attendis une réaction de sa part, puis je détournai la conversation moi aussi. J’avais dit ce que j’avais à dire.

« Marchons un peu, j’ai beaucoup de choses à te raconter. »


D’un geste de la main, je l’invitai à marcher à mes côtés. Il devait être fatigué, mais je ne voulais pas rester là devant ce restaurant. Les ruelles se remplissaient à mesure que les heures passaient. Le monde de la nuit s’éveillait. C’était celui-là que j’aimais, au District 4.

« La dernière fois qu’on s’est vus, c’était la veille de mes 14 ans. Ils m’ont déposée là, comme un colis qu’on n’attendrait pas. Jetée à la rue du District 4. J’ai fait quelques boulots pendant un temps, ça m’a permis de rencontrer les bonnes personnes. C’est vrai, je n’ai pas toujours fait que des boulots très clean. J’ai même versé dans le crime parce que je n’avais pas le choix. C’est comme ça qu’on survit ici. Aujourd’hui, j’ai monté les échelons. Je suis devenue une reine, Lilio. Les gangs, le Millénaire, même les bains publics… partout où tu iras, Megara Foxwell sera sur toutes les lèvres. Le D4 est ma maison. Tout le monde me connaît. Et toi aussi, ça pourrait être ton cas. »


Je le laissai assimiler toutes ces informations en le regardant. Je souriais. J’étais fière de ce que j’étais devenue. Lilio le serait-il, lui aussi ?

Ven 21 Aoû - 16:06
Lilio De Lucas
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Sujet: Re: Nous n'étions que des gosses à qui ils ont pris corps et âme. [Lilio De Lucas]

Le fait que Lilio n'aborde pas le sujet du restaurant blesse quelque peu sa camarade d'infortune. Mais concrètement qu'avait-il à dire ? Il n'était pas le seul à subir des maltraitances, les miraculés étaient bien plus oppressés dans ce monde où les classes sociales sont des pions d'un jeu d’échecs. Les plus puissants étaient les pièces fortes, les autres étaient là pour faire bonne figure.

- Tu sais Megara, qu'est ce que tu veux que je te dise? demanda l'exe un peu désabusé. Je suis là, on est tous les deux-là et on survit comme on peut à notre manière.

La brunette lui demande de marcher et il s’exécute comme un automate qu'on avait automatisé pour les gestes les plus simples de la vie. Légèrement en retrait, le jeune homme avait une vue de dos de sa grande sœur de cœur. Ils étaient de la même condition, des exe et pourtant elle se tenait droite, le regard vissé vers l'horizon, un demi-sourire sur ses lèvres. Ils étaient d'une même condition, mais tellement différents à la fois. Lilio était le contraire de son amie ; les épaules voûtées et le regarde baisser, c’était sa signature à lui, à Lilio, ne jamais attirer l'attention.

Il savait que certains exe avaient réussi à percer. Il ne doutait pas que Megara ait réussi à se faire une réputation, elle était plus forte psychologiquement, et même si c’était une femme, Lilio était certain que physiquement la jeune femme était plus forte que lui. Et justement, l'introverti sursaute alors que son amie lui explique ce qu'elle était devenue depuis leur dernier jour ensemble.

Elle était devenue une personne qu'on respecte, qu'on envie dans le district 4. Dans ce district vieux comme le monde, putride et isolé de tout autre respect. Elle était devenue une reine qui ne faisait pas dans la dentelle pour survivre. Lilio eut un petit sourire, elle n'avait pas vraiment changé depuis qu'il s'était quitté. Un caractère bien trempé.

- Le millénaire ? C'est toi qui le gères ? Demanda t-il émerveillé. Chapeau bas, madame !

Le petit brun sourit pauvrement avant de reprendre doucement.

- Tu sais, je ne sais pas si j'ai ma place ici, ou n'importe où d'ailleurs. Tu es arrivé là ou tu es parce que tu es forte, tu ne le dois pas à personne d'autres qu'à toi.

Lilio n'était pas sur qu’il arrive aussi bien à gravir les échelons, chaque marches étaient des pas de géants et entre elles le vide qui l'appelaient constamment.

- J'ai beau vouloir me sauver, Meg, mais le boulet est toujours accroché à ma cheville... J'ai peur de ce qui pourrait se passer dans le district 4. J'ai peur de la mort qui nous guette à chaque instant.

Il s'essuya le coin des yeux en souriant un peu :

- Je croyais qu'on t'avait tué. Encore plus lorsque j'ai également atterri ici, sans attache. J'ai compris que la vie réelle était encore plus dangereuse que ce qu'on nous racontait. Est-ce qu'on a le droit de se rebeller au risque de mourir ?

Megara était un peu vieille que lui, avait peut-être un peu plus expérience, un peu plus de recul sur cette misérable vie. Elle pourrait peut-être le rassurer sur la suite au sein du D4? Pouvait-elle lui donner des conseils sans pour autant se mettre en danger ? Mais était-ce possible ? Ici, tout était possible, mais au depends de leur propre conscience et de leur propre âme.

Mer 26 Aoû - 11:16
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Sujet: Re: Nous n'étions que des gosses à qui ils ont pris corps et âme. [Lilio De Lucas]


Nous n'étions que des gosses à qui ils ont pris corps et âme. [Lilio De Lucas]


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