The sky above the port was the color of television, tuned to a dead channel.
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Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Lilio De Lucas
Utilisateur
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Sujet: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Cela faisait déjà un an qu'il était à la recherche de ses parents. Un an qu'il redécouvrait le district 3, celui dans lequel il avait vécu une partie de son enfance. Il pouvait dire que rien n'avait changé pourtant tout avait l'air d'avoir changé. Les bâtiments avaient l'air de s'entasser un peu plus, les gens beaucoup plus désagréables. Où peut être, était-ce lui qui avait changé ? Il n'était plus le même ? À quel moment pouvez t-on affirmer d'un changement quelconque en l'être humain?

Lilio se redresse à l'entente sonore de l'annonce vocale, s'excuse de seulement demander de le laisser passer. Rougissant, d'une quelconque remarque qui n'arrivera jamais, il atteint les portes coulissantes et soupire de soulagement de n'avoir pas attiré l'attention sur lui, de devoir exister. Certaines personnes le regardent, peut-être seulement parce qu'elles s'inquiètent de sa santé, mais lui, petit exe de rien du tout, détourne le regard.

Le métro s'arrête et les portes s'ouvrent et le brun se précipite en dehors, s'excuse encore une fois, alors que les gens le bousculent sans la moindre délicatesse pour rentrer dans la rame. Il percute une dame le faisant vaciller, mais il ne tombe pas.

- Tu pourrais faire attention, espèce d'exe! Retourne dans ton district !

Insulte, Lilio en a déjà reçu plein à la figure. Il sait que d'autres comme lui ne se laisse pas faire, il aimerait bien être comme eux, mais il ne l'a jamais été et il le serait probablement jamais. Le brun se courbe pour s'excuser avant de fuir loin, si loin qu'on ne le verrait plus.

Pourquoi était-il là ? Et non pas dans son district comme l'avait si bien mentionné la personne qui l'avait bousculé? La raison était simple, il voulait retrouver ses parents dont il n'avait pas la moindre nouvelle depuis neuf ans. Étaient-ils morts ? Vivants ? Il se refusait à croire qu'ils ne soient plus en vie comme il se refusait également à croire qu'il l'avait abandonné. Ils avaient vecus parfaitement, rien qui pouvait assombrir le tableau familial. Enfin c'était ce que le garçon de dix ans croyait.

Ses pas incertains et ses épaules voûtées le mènent devant un bâtiment de plein pieds, une cours extérieure, un quadrillage le sécurisait. Ce n'était certainement pas ici que Lilio allait retrouver ses parents, mais c'était ici, devant son ancienne école qu'il avait fréquenté, qu'il se sentait vivant. Rien n'avait changé. Le ciel gris pollué ce beau paysage. Les cris des enfants le fait légèrement sursauter, mais pourtant les gamins étaient seulement en train de jouer. Ca lui arrache un petit sourire triste, lui rappelant ses douces et si belles années fauchées pour un tout autre voyage. Plus dur, plus sombre.

Deux garçonnets attirent l'attention de Lilio. Il se revoyait une dizaine d'années en arrière, lui et Milo courant dans l'enceinte de l'école. Son meilleur ami, qu'était-il devenu ? Était-il lui aussi vivant ? Mort ? Non, ça n'était pas concevable... Il était bien vivant, et devait finir ses études quelque part. Il espérait qu'il ne lui soit rien arrivé et qu'il ne soit pas tombé aussi bas que lui. Le brun savait à peine faire des multiplication et aligner une phrase avec COD, COI et j'en pense. Pourtant il avait dix neuf ans...

Passant ses doigts entre les stries du grillage, le regard plongé dans le passé, quelques larmes roulèrent sur le visage marqué par les expèriences du jeune homme. Ou tout cela avait commencé, ou cela l'emmènera ? Quand est-ce que tout ça serait terminé ?

La sonnerie de fin de récréation retentit et les enfants rentrent dans le bâtiment laissant place au silence pesant de la vie. Doucement, Lilio se détacha du grillage, de toute façon, il avait d'autres choses à voir, comme avoir des pistes sur ses parents. Il se retourne et percute quelqu'un.

- Excusez-moi, murmure t-il, en s'inclinant à plusieurs reprises. Je  suis vraiment désolé.

Le regard baissé, il ne releva pas la tête. Il n'en avait pas le droit de toute façon. Un exe devait restait à sa place. Lilio restait à la sienne.

Ven 17 Juil - 19:30
Milo Janssen
Utilisateur
Milo Janssen
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Taper des lignes entières de code était un quotidien des plus monotones. Une réalité qui aurait assommé le premier imbécile qui se serait rapidement plaint de cette vie sans saveur, le même idiot qui aurait pu compatir en sa situation professionnelle. Milo savait qu'on n'était pas là pour rigoler. Pour lui un job n'a pas besoin de réellement être amusant, tant qu'il peut y accéder, alors ce dernier fait l'affaire.

Vérifiant des pages afin d'en détecter les failles, l'air ambiant se réchauffe de chaleur humaine tandis que le métro accueille de nouveaux voyageurs. Lunettes de repos perché sur le nez, Milo tape frénétiquement sur son clavier, ses phalanges valsant contre le pavé tactile à mesure qu'une alliance de chiffres et de nombres naissent les uns après les autres. Ne se laissant pas distraire par le coulissement des portes ou alors le speaker qui annonce le nom de la prochaine station, il reste focus sur son document tout en picorant ses quartiers d'oranges. Le garçon a une façon bien à lui de manger ses agrumes. Tout d'abord, il épluche ses pelures qu'il jette au fur et à mesure. Ensuite, il la coupe en plusieurs parties distinctes et glisse un quartier juste sous sa lèvre supérieure. Compressant sa mâchoire, il aspire le jus jusqu'à saturation et gobe entièrement son morceau pour conclure.
C'est tout comme un rituel sacré et irréfragable.

Bientôt, la rame ralentit est un message électronique vibre dans le wagon annonçant le nom de la station ainsi que les mesures de sécurité banales précautionné pour les plus ignorants. Laptop sous le bras, Milo suit le courant en remontant les souterrains vers un paysage aussi gris et mort que les galeries du dessous. Alors que l'escalier automatique fait grimper sempiternellement ses passagers, quelques personnes s'empressent de gravir eux-mêmes les marches et s'engouffrent plus rapidement dans le dense nuage de pollution. Milo, quant à lui, reste adosser le long des barres en se laissant porter par la force gravitationnelle. Quelques regards curieux se portent sur lui. Au milieu de toutes ses petits gens, il a l'air d'un bourgeois perdu dans une faille spatio-temporelle. C'est presque comme si la puce dans son cerveau inscrivait, aux yeux de tous, sa possession d'une accréditation de niveau deux.

Faisant rouler ses orbes dans ses globes oculaires, Milo souffle par le nez marquant son exaspération bien visible et regagne la terre ferme.

Le ciel gris se dévoile et les premiers édifices se dressent timidement devant lui. Le District 1 n'a strictement rien à envier à son voisin. Ici, à la frontière avec son piètre riverain, ce segment de territoire est la classe moyenne. Ici aussi, pas de hautes tours ou de monuments historiques. La plupart des bâtiments sont archaïques et la peinture urbaine vient recouvrir des murs lisses, libres de toute créativité illégale.

Circulant à travers les rues étriquées, Milo s'octroie une pause dans un café afin de visualiser la carte et de prendre ses repères. Consommation oblige pour accéder à la connexion divine, l'étudiant commande un mocha. Servi dans un verre transparent afin qu'il puisse voir les différentes couches de café, de chocolat et de mousse de lait, le garçon cartographie déjà sa destination.

Une simple école maternelle.

Aucune activité de voyeurisme prévue. Le garçon était, en réalité, à la recherche de quelque chose de beaucoup plus profond. Un tesson de souvenir, un état a vérifié, une stabilisation de la mémoire qui se rassurait qu'au travers de lieux et de constructions familières. Ce café par exemple, ne lui évoquait rien.

Emportant sa boisson en l'ayant déjà consommé de moitié, il se dirige nonchalamment en suivant son gps mental. Données transférées jusqu'à sa puce, un trottoir plus haut que dans son souvenir lui fait presque rater la marche. Pestant entre ses dents, il reprend vite contenance lorsque la cloche allégorique retentit et transmet ses ondes aiguë tout autour d'elle.

Cour ayant une capacité d'accueillir au moins une centaine d'élèves, Milo se souvient de cet arbre solitaire au milieu une butée de terre. Les toilettes des garçons se situaient à quelques mètres et c'est précisément à cet endroit que Lilio, son meilleur ami de l'époque et lui, allait chercher de l'eau pour mouiller la terre autour de l'arbre et ses racines afin de la disperser dans une flaque et de dessiner toutes sortes de choses sur l'écorce.

Il eut un bond fugace dans sa poitrine et un demi-sourire qui tremble presque à la commissure.

C'était important juste pour ça. Juste parce qu'il lui faut un endroit par où commencer. Une épopée anodine mais qui créait une fêlure laissant pénétrer la lumière d'un espoir frais.

Pivotant à moitié, un lampadaire qui n'était pas là le rencontre et lui fait perdre l'équilibre.

- OoOOuuuwf... cri de surprise étouffé, un claquement de plastique s'explose dans un fracas cadencé pendant qu'il se stabilise. Tu pouvais pas faire un peu attention ?

Milo n'hausse pas la voix, jamais, trop la flemme. Par contre, on saissit la raideur dans sa tessiture acoustique.

- Ewww... ! Ramasse mon pc.

Son index pointe l'objet.

- Aaaah mon mocha. Non mais regarde ce que tu as fais ! J'en ai partout sur moi. Tu sais combien ça coûte ?

Non évidemment que tu sais pas, vu comment tu es fringué toi. On ne t'a pas appris à t'excuser ? Putain regarde-moi quand je te parle eh je te jure que si mon pc est cassé tu me repayes !

Serait-ce qu'il aurait voulu ajouter en complément. Peu loquace d'ordinaire, personne, pas même sa propre sœur, n'aurait pu croire qu'il soit capable de mitrailler de reproches un pauvre innocent dont le regard de biche effrayé l'est autant que sous les phares d'une voiture.

- Bon bon.. ça sèche aussi hein...

Muscles crispés, n'arrivant pas à gérer complètement la situation, il voûte légèrement ses épaules et garde un regard fixe sur son interlocuteur.

Le plus déstabilisant, c'est que le petit génie ne cligne même pas yeux.

Lun 20 Juil - 1:14
Lilio De Lucas
Utilisateur
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Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

L'horreur tombe à ses pieds et éclabousse les pans de son pantalon de seconde main. Les reproches fusent brisant un peu plus son cœur meurtri, il était pourtant habitué aux menaces, il en avaient vécus toute son enfance. Les claques, les coups sur son corps accompagnés par des cris étaient monnaie courante et Lilio se cachait derrière ses petits points attendant que l'orage passe.

La peur le submerge et s'exécute quand son interlocuteur lui demande de ramasser le carnage qu'il avait foutu. Un trou de souris, il voulait tellement disparaître et ne jamais réapparaître. Quelle idée lui avait passé par la tête de sortir ? Regarde, ce qu'il lui arrivait, ce n'était qu'une mauvaise journée, comme toutes celles qu'il avait passé, et toutes celles futures !

On lui avait toujours dit de ne pas pleurer, de rester fort lorsqu'on "s'occupait de lui", qu'on le disséquait comme une grenouille lors des cours de sciences. On lui avait dit de ne jamais bouger lorsqu'on le ramenait dans sa chambre dénuée de sentiments et qu'il ne pouvait pas personnaliser comme le petit garçon l'entendait. Un lit, un lavabo et des toilettes. Tout ce dont l'enfant qu'il avait été, avait besoin, d'après la fondation.

Mais dans l'appartement où il habitait maintenant, n'était tout simplement pas mieux que ce qu'il avait dans le laboratoire? Le studio était des plus insalubres et il s'etait dèja retrouver face à face avec une puce de lit dans ce taudis. Pourtant, il ne devait rien dire, se taire, de peur de continuer sa misérable vie dans les rues sombres et dangereuses du district 4. Entre la peste et le cholera, il avait choisi la solution la moins pire...

Se relevant avec l'ordinateur entre ses longs doigts fins, il ne releva toujours pas sa tête, toujours honteux d'exister à cet instant.

- Pardonnez-moi, vraiment. Dit-il en tendant le pc, la tête baissée. Je n'ai pas beaucoup d'argent, mais je peux vous donner le peu que j'ai pour que vous puissiez nettoyer votre costume.

Il s'abaisse encore plus si c'était possible, embrassant presque les chaussures de son interlocuteur. Des secondes qui parurent une éternité avant que son allocutaire reprenne possession de son bien. Lilio s'autorise à relever le regard et lâche un petit "ugh" involontaire, reculant jusqu'à buter contre le grillage du bâtiment scolaire. C'était Milo ? C'était le Milo avec qu'il avait fait les quatre cent coups quand ils étaient encore que des enfants ?

Les poings contre son visage, se dissimulant derrière, quelques larmes perlaient aux coins de ses yeux extrêmement expressifs. C'était donc ça, ce qu'on ressentait lorsqu'on pleurait de joie. Lilio n'avait jamais pleuré autrement que par peur ou par douleur, douleur qu'on lui infligeait lorsqu'une aiguille plus grosse que lui s'infiltrait dans son abdomen.Et son rythme cardiaque s'emballait comme se ce dernier lui envoyait un signe que c'était bien lui.

- Non ce n'est pas possible, ce n'est pas possible, répète t-il en se frottant par intermittence les yeux.

Rouvrant son regard à la vie actuelle, il détailla son homologue qui n'est autre que son meilleur ami. Il en était certain. Son visage avait mûrit comme le sien avait changé, ses cheveux, eux, n'avaient, par contre pas,bougés, légèrement ébouriffés. Son regard blasé, lui arracha un petit sourire, il l'avait toujours eu quand il était petit, l'avait toujours eu lorsqu'il venait à son secours quand ses camarades l'embêtait pendant la recreation.

- C'est... C'est toi.... C'est toi Milo? Se risque t-il comme s'il avait faux sur toute la ligne.

Avait-il le droit d'être heureux? Depuis des années, une éternité, il n'avait pas ainsi souri de la sorte. Mais il avait peur que tout s'écroule comme le vent exterminait le chateau de carte qu'on avait mis tant de temps à construire.

- Milo? C'est bien toi, hein??

L'introverti fit un pas en avant, puis recula comme rentenu par une chaine invisible. À vrai dire, ce n'était peut-être pas le Milo d'autrefois. Il était peut-être plus le Milo protecteur de ses plus belles années. Il espérait que non, mais qui n'avait pas changer au bout de presque une décennie ?

Lun 20 Juil - 20:28
Milo Janssen
Utilisateur
Milo Janssen
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Tu souffles par le nez, manifeste ton mécontentement, impatient qu'on te restitue son dû.

- Tu pourrais regarder devant toi quand tu marches, ce n'est quand même pas franchement compliqué.

Tu en rajoutes une couche en estimant que ce n'était finalement pas nécessaire, le mal est fait et surenchérir davantage est contre-productif. Légèrement sonné, ta paume rejoint un versant de ton crâne, reconnectant les données à la réalité. Ton interlocuteur est un exe. Cette analyse se prélude par l'observation de ses longues oreilles acuminées et son regard qui s'endigue, se maudissant probablement d'utiliser sa fonction. C'est typique de cette race. Les expériences qu'elle subit formente leur esprit, soit au désespoir absolu, soit à une envie de révolte et c'est précisément pour cette raison que les gens sont aussi méfiants envers eux. Du bétail dans leur genre ne représente aucune menace à unité. Ceux qui éprouvent simplement du dégoût à leur égard n'auraient rien compris ou se minimiseraient dans leurs réflexions à chier. Non, pour toi, les exes sont dangereux. Dangereux puisqu'ils pourraient s'allier et établir le chaos, renversant le District un à petite échelle. Les plus timorés comme le brun à ses pieds deviennent les pires caporales sanguinaires puisqu'ils sont alimentés par une idée de vengeance.

Mais pour le moment, celui-là n'a même pas commencé son initiation. Te frictionnant sous le nez, geste automatique lorsque tu es embarrassé, tu es quand même un type sympa et propose ton aide en présentant une paume retournée. Tu comprendrais si l'autre ne veut pas la chopper, après tout tu l'as quand même grondé comme un enfant et le reste de ses tourments semblent encore ancrés dans ses réactions qui considèrent ce qui se passe autour.

Et puis, tout craquelle ensuite. Des syllabes qui te sont familières, une alliance de consonnes et de voyelles qui forment l'appellation de ce qui te représente, toi. Paupières remontant presque dans l'intérieur de l’œil, tes yeux se débrident sommairement pendant que ton organe central accorde trois battements supplémentaires à l'orchestre habituel.

Mais ce n'est pas étonnant. C'est ce qui y a de cousu sur les fibres de ton veston universitaire. Cela dit, au-delà de simples informations visuelles, le petit exe semble émotionnellement impliqué. C'est quoi son nom déjà ? À bien y repenser, au-delà de son aspect famélique, de ses oreilles clownesque, de son teint blafard et de ses traits consumés par la fatigue et l'anxiété, se voile une lueur qui ne trompe pas dans le regard. Ce tout petit éclat qui fait que Lilio est Lilio.

- ...

Ça te paraît trop improbable pour franchir la barrière de tes lèvres. Toi qui aime l'exactitude, te retrouver à sortir de telles inepties ne fait pas partir de ta ligne directrice.  

- Minio ?

C'est automatique. La difficulté de te souvenir d'éléments récents n'est si pas défaillante que tu l'aurais imaginé.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Et pourquoi tu es... pourquoi tu es comme ça ?

T'es clairement pas un pro de la communication. Toi, tu vas droit au but et économises les codes sociaux pour t'adresser à tes supérieurs. Pour autant, ton approche n'est pas orchestrée par quoi que ce soit de négatif à son égard.

C'est juste toi, purement et simplement.

Petit à petit, alors que vous êtes là à vous regarder dans le blanc des yeux, la pluie menace d'abattre une giclée de couteaux tranchants. Les intempéries sont fréquentes et inondent rapidement les bas quartiers. Combien de fois ce même trottoir s'est retrouvé en proie à la menace d'être englouti pendant la mauvaise saison ?

Nez qui scrute à travers la couche épaisse de nuages, tu penses à voix haute.

- Hm... le ciel se gâte, je te propose d'en discuter dans un café.

Ton pouce coulisse dernière ton épaule et désigne le même Starbucks qui t'a accueilli tout à l'heure. Ton palet n'a pas pu convenablement se délecter de cette palette de saveurs et tu dois encore sécher un peu et vérifier aussi l'état de ton pc. Avec les copeaux de plastiques qui embrasse l’asphalte, tu doutes qu'il soit encore t'attaque pour programmer.

Et au cas où ton interlocuteur hésiterait, tu ajoutes.

- Allez tu me dois bien ça.

C'est ta façon de l'encourager à te suivre, même si tu te doutes que ton ancien meilleur ami aurait préféré des retrouvailles plus chaleureuses et pleines d'entrain.

D'ailleurs, était-il encore ton meilleur ami ou la trame du temps vous avez t-elle définitivement séparée ?

Lun 27 Juil - 20:53
Lilio De Lucas
Utilisateur
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Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Se souvenait-il de lui ? Ou cette partie de sa vie était simplement une passade qu'un enfant efface d'un mouvement de poignet lorsque quelque chose ne lui a pas plus? Certaines personnes préféraient se concentrer sur l'avenir plutôt que sur des situations d'un passé parfois douloureux. Lilio lui ne pouvait pas oublier, et quand bien même il voudrait supprimer ses souvenirs de sa mémoire comme l'on formate une carte SD, les angoisses et terreurs nocturnes le ramenait dans un couloirs blanc courant pour échapper au traitement médical.

Peut-être que Milo en faisait partie, il l'avait quand même mis au pieds du mur, l'agressant presque. Son émotion était peut-être trop extravagante pour son ami, ou pour d'autres. Mais c'était son problème, il était content, heureux de le revoir malgré les années qui les séparent dorénavant. Se rappellait t-il de leur première rencontre? Que lorsque un petit caïd l'avait fait tomber, Milo s'était mis devant lui et avait entamé une bagarre pour lui sauver la peau? Que cette altercation était devenue le noyau de leur amitié.

Claque mentale, qui fait redoubler ses petits reniflements, inaudibles de là où était son interlocuteur. Il avait vraiment cru que Milo se rappellerait de lui, de la petite chose qu'il avait été, et qu'il était devenu. Qui, sincèrement se rappelle du Nom, de l'identité du petit enfant stoïque et faiblard à la rencontre d'une classe entière qui se moquaient de ses grandes oreilles? Qui était-il pour juger d'être important pour quelqu'un ? D'avoir de la rancune envers autrui. En y repassant, qu'étions-nous réellement? Nous naissions poussière, et nous mourrons poussière.

Mais ça fait mal quand même ; si mal que son cœur rate un battement, comme il ne l'avait jamais fait depuis des années. Un froissement cardiaque d'un voile de tristesse qui s'abat sur ses yeux deja fuyants. Pourtant Milo fait comme s'il le connaissait, comme s'il ne voulait pas plus le blesser.

- Ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave si tu ne te souviens pas, commença t-il avec un petit sourire. C'était, il y a si longtemps...

Lilio se redresse un peu et fait bonne figure. Être fort, être fort, et ne jamais, jamais ne dévoiler ses sentiments. Mais malheureusement pour lui, on avait toujours lu en lui comme dans un livre ouvert et son ex-meilleur ami lui propose de parler de ce qui leur était arrivé dans un bar. "Mais arrête de faire semblant, Milo", Lilio sourit tristement et se rapproche s'éloignant un peu plus de la preuve concrète de leur amitié.

- Je ne peux pas me le permettre, dit Lilio en rougissant.

Effectivement, le prix d'un café n'était pas compté dans son budget. C'était un plaisir qu'il ne pouvait pas se permettre. L'argent était, dans sa condition, un moyen pour survivre. À Kepler, les denrées étaient hors de porter de son misérable salaire, et Lilio mangeait tous les soirs sur le pouce. C'était rabaissant d'oser dire qu'on ne pouvait pas boire un café sans risquer de ne pas pouvoir manger un bout de pain à la fin du mois.

Lilio relève le nez, une gouttelette s'écrase sur sa joue. Une tempête était sur le point de déverser sa colère sur un sol déjà endeuillé d'un nombre incalculable de corps meurtri.

- Il commence déjà à pleuvoir... Dit l'exe en essuyant l'eau sur son visage. Je crois que tu as raison, il ne faut pas tarder à rentrer avant de se prendre l'orage.

Il n'avait qu'une envie de rentrer et de laisser ses larmes inonder son t-shirt trop usé. De toute façon à les voir tous les deux côte à côtes, qu'est-ce qu'ils auraient en commun. Milo avait réussi là où il avait échoué. Au moins l'un d'entre eux avait insulté la vie.

- Ça m'a fait extrêmement plaisir de te voir, Milo. Tu n'as pas vraiment changé toi.

Sourire forcé, Lilio lui prit la main, la tournant, paume devant lui, il lui dessina une ancre de bateau, souvenir de lorsqu'ils étaient enfant. Ancre qu'ils s'étaient imaginée d'une image dans un livre scolaire. Ici, le bateau n'existait pas tout comme l’océan et pourtant, d’après les reliques, c'était magnifique. Lilio referma sa paume y ayant glissé quelques billets pour la tâche sur son costume.

- Et encore désolé pour ton costume. Continua t-il en relevant la tête. C'est Lilio, mon prénom...

Mimique heureuse de l'avoir revu, il préfère fuir, de peur qu'on le voit encore pleurer, il ne faisait pas que ça, ça lui arrivait parfois de sourire et là il le faisait vraiment devant son ami d'enfance. Il se détache et contourne son interlocuteur, pas traînant, il arrive devant l'axe principal du district 3. Il fallait qu'il rejoigne le district 4, mais impossible de savoir par où partir, droite, gauche... Tous les chemins mènent quelque part de toutes façons.

Mer 29 Juil - 18:21
Milo Janssen
Utilisateur
Milo Janssen
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?


Dis, tu te souviens quand nous étions encore que des enfants ?


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Tu le fixes sans comprendre. En réalité, ses émotions ne t'ont jamais paru étranges. Qui serais-tu pour le juger ? Tu as tout simplement du mal à t'identifier dans ce qu'il dit parce que ce tempérament ne t'appartient pas. Cela dit, tu n'es pas antipathique non plus. Tu sais être emphatique bien que cette qualité se cache derrière tout cette croûte épaisse d'impassibilité que tu démontres au quotidien. Pour autant, ce n'est pas une carapace, c'est juste ta manière de t'exprimer.

Un fragment de pluie salé ruisselle contre la joue du sujet principal et glisse doucettement jusqu'à exploser dans un fracas insonore. Tu respectes son silence jusqu'à ce que soit lui qui décide de le briser. Même s'il est timoré et particulièrement pusillanime, Lilio a toujours été plus bavard que toi. Les mots ne fleurissent plus aussi naturellement dans sa bouche que lorsque vous étiez enfants, cela dit, les racines qui l'entichent et le font toujours plus sombré sous terre ne te sont pas imperceptibles.

Mais tu te ne comprends pas le sens de ses mots. Pourquoi évoque-t-il de certains souvenirs comme si tu avais la capacité à te plonger dans son esprit aux multiples embranchements disproportionnés ? Te serais-tu tromper de personne ? Ton manque d'information sur son état émotionnel l'aurait-il achaler ? Pourtant autant, ton interlocuteur a l'air bien préoccupé et tu as l'impression de ne pas réussir à renouer cette tendre amitié que vous aviez autrefois. Est-ce ridicule pour lui de le concevoir ? Tu ne vois pas en quoi. Le temps n'est qu'un facteur dédié aux mortels pour l'orienter dans son espace, mais en réalité, ce n'est qu'une suggestion de temporalité bien trop sociétale et retreinte pour en tenir compte dans ta vie.

- ...

Toujours sans réponse, de l'air s'échappe lestement de tes narines. Tu pensais que ta proposition était claire mais visiblement, ton vis-à-vis n'a pas compris la subtilité de ton invitation.

Alors que tu tends la main pour venir lui chopper l'extrémité du sweat qui semble presque s'effriter entre tes doigts tant il est érodé, Lilio fait un pas en avant et laisse ton poignet pendre dans le vide. Perdu dans une conclusion hâtive qu'il tire sans prendre le temps d'analyser la situation, son camarade, avant tout dominer par la nature de ses sentiments. Il t'est difficile d'évaluer quoi que ce soit avec ce type de comportement, alors tu restes là, bras ballant, exclamant juste un petit.

- Que ?...

D'incompréhension ténu que tu n'es pas sûr qu'il l'ait entendu. La distance vous sépare et avant que tu n'es eu le temps de cligner des yeux, la silhouette de Lilio pivote déjà de moitié avec cette phrase qui flotte, volage, dans un vent sans fin.

Tu n'as pas vraiment changé toi.

Comme il est un peu plus grand que toi, tu as dû adapter ta foulée pour s'adapter à son rythme et amenuiser l'espace entre vous. Puis sans crier gare, il emprisonne ta main dans la sienne et détourne le regard pour se concentrer sur une caresse qui valse sur ta paume. Tu restes interdit un moment. À travers son doigt qui flirte contre ta dextre, tu es capable de sentir les battements affolés de son cœur. Maintenant, soudainement, tu te souviens qu'à l'époque, avant même que tu le réalises, en l'ayant lui seul présent dans ton champ de vision et aussi longtemps qu'il était dans les environs, tu étais alors capable d'esquisser un sourire.  

Tout cela t'était si cher.

Ce carrefour, celui que s'apprêtait à emprunter Lilio était celui qui vous séparez quand vous étiez enfants. Après avoir grimpé la colline ensemble, c'est précisément à cet endroit que vous lâchiez alors la main l'un de l'autre, rompant votre rencontre physique jusqu'au lendemain et ainsi de suite, rouage d'un infini sans demain. Vous vous tourniez alors le dos et commenciez à vous éloigner pour rejoindre vos familles respectives et à chaque fois que tu regardais par-dessus ton épaule, ton ami avait déjà disparu.

Les histoires qu'il te relatait, les visions qu'il peignait, le paysage que vous voyiez à la sortie des cours, tu ne l'oublieras jamais... Plus tes pensées se dirigeaient vers cet ordre d'idées et plus tu deviens anxieux pour d'obscures raisons.

Secoué par toute une palette d'émotions, ton ombre tremble un peu alors que tu l'interpelles, froissant les billets dans ta main en la serrant de frustration.

- A-attend !

Tu es un idiot, Milo. Tu pensais que ces jours heureux perduraient sempiternellement. Au début, chaque événement était un souvenir pour toi. Tu ne te souciais même pas de ce qui se passerait les jours suivants. Tu gardais souvent le sourire pour le bonheur de ton meilleur ami, du moins, c'est ce que ton visage était supposé refléter.

Et quand tu fermais les yeux le soir, tu te revoyais à l'enfance,
à la recherche de quelqu'un.

Lilio.

Ça explose en toi comme une évidence. Lilio. Lilio.

- Lilio !

Tu n'en dis pas plus, les mots ne prouvent rien. Aussitôt, une enveloppe de fraîcheur s'engloutie sur tes vêtements fins pendant que ta veste galope le long des épaules de l'intéressé. Tu baisses la capuche sur sa tête et tu désignes de nouveau le starbucks du pouce.

- C'est moi qui invite.

Tu ne lui en laisse plus le choix cette fois-ci. Tu te souviens de comment Lilio fonctionne, faut le pousser un peu sans pour autant le contraindre. Tu ne le touches pas, pas parce que tu ne veux pas mais parce que tu sais que ton action pourrait susciter une réaction excessive. Cependant, tu glisses derrière lui, juste ce qu'il faut pour être dans son champ de vision tout en portant un regard sur votre environnement et capter ceux qui voudraient potentiellement s'en prendre à lui. Un exe est une proie facile, c'est comme s'ils avaient tous une pancarte dans le dos autorisant l'abus de coups.

Tes phalanges s’écrasent contre la porte du restaurant à peine enclenchée alors que tu finis de l'ouvrir, tout en restant derrière lui, ton bras par-dessus son épaule. Tu pousses encore un peu, laissant le rideau de pluie s'écouler en cascade le long de ton coude qui fait toujours soutien pour tenir la porte jusqu'à temps que Lilio immerge à l'intérieur. Quand c'est ton tour, la sensation des vêtements trempés qui collent contre ta peau se ressent davantage et te fait soupirer intérieurement.

La table désignée par tes soins se situe au fond de la salle à l'opposé des toilettes pour ne pas brusquer ton interlocuteur par les passages récurrents de clients qui ne peuvent se retenir, ni par leurs odeurs corporelles disgracieuses émanant de ce périmètre latent de danger. Tu fais aussi attention à ne pas être près du jukebox puisque la musique pourrait altérer vos conservations en plus de ne pas trouver goûts à tes tympans.

- Tu veux commander quoi ?

Finalement, c'est bien l'un de vos points communs, vous détestiez tous les deux le contact à des degrés divers.

Dim 9 Aoû - 1:21
Lilio De Lucas
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Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

" Tu es égoïste Lilio ". Tout ça parce que toute cette phase de son enfance était importante pour lui, mais ce n'était pas une généralité. Les gens changeaient, mûrissaient et oubliaient. L'exe s'en veut, il en voulait à Milo, à la terre entière, à ce fichu laboratoire qui était en partie responsable de la perte de mémoire de son meilleur ami. Comme on disait dans les livres "loin des yeux, loin du cœur" et c'est précisément ce qui s'est passé entre eux, ils ne s'étaient plus vus, ils s'étaient en quelque sorte éloignés. Avec des si on refaisait le monde, mais " si je n'étais jamais aller dans ce centre, on serait toujours ami, n'est-ce pas, Milo? ", c'est ça qu'il aurait voulu lui dire. Tout ça n’était qu'éphémère.

Lilio recule un peu, sur ses gardes lorsqu'il sent quelque chose touché sa peau souillée par le temps et par les expériences. Il sursaute quand il ne voit presque plus rien alors que la capuche brise sa vision. Le jeune homme redresse un peu la tête ainsi la capuche, Milo était trempé et lui avait passé sa veste.

- Qu'est-ce que... tu fais ? Demanda l'éxé, le rouge aux joues. Tu vas attraper la mort, reprends ta veste !

Son égoïsme avait payé, Milo était prés de lui, et il s'en voulait, il culpabilisait d'être aussi minable, pour qui, dans cette société une amitié était aussi importante? Pourtant le regard de son ami a changé, beaucoup moins neutre et plus doux.

Il ne laisse pas le choix à Lilio et l'accompagne là où il veut aller. Il n'avait apparemment pas le choix, néanmoins l'exe ne voulait pas profiter de son hospitalité.

- Mais... tenta Lilio.

Plainte inaudible par son meilleur ami, il ouvre la porte de la devanture du café et Lilio sursaute en attendant le clairon de l'entrée, différent du restaurant où il travaille, il n'en était pas habitué du reste.

Lilio le sent frissonner et le regarde un moment.

- Reprends ta veste !

Mais son ton ne fut pas assez catégorique pour qu'il soit pris en considération et il soupire se dirigeant vers la table que Milo lui désigne du pouce. Il n'avait pas réussi à se faire respecter, même quand il était petit, c'était un peu son talon d'Achille qui ne le lâchait pas... Arrivés à la table, il s'installa côté banquette et garde précieusement la veste trempée sur lui comme si on allait la lui voler.

La musique du juke-box s'infiltre dans ses tympans, et Lilio fuit le regard de son partenaire. Pour faire des reproches dissimulés, il était très fort, mais lorsqu'il était face à ses souvenirs il en perdait tout moyens. Que lui dire ? Il n'y avait rien à dire ? Ou peut-être que si, beaucoup trop de choses peut-être? Par où commencer ?

Perdu dans ses pensées, il en fut brusquement sorti par Milo et sa question. Il osa un coup d’œil et se mordit la lèvre. Il ne connaît pas ce qu'on vendait dans un Starbucks. Il n'y était jamais allé. Choisir la facilité, c'était le plus sur, n'est-ce pas ?

- La même chose que toi.. Dis le brun, avec un sourire timide.

Et voilà, encore un silence de plomb et un regard fuyant. Le juke-box, au loin, était des plus intéressants, pourtant, il pourrait en poser des question, il en avait plein dans la tête, lui filant une migraine. Regard en biais, Lilio fixe son meilleur ami à la dérobée. Il avait gagné en assurance, c'était certain, mais il était également un beau jeune homme au début de sa maturité. Milo était certes plus petit en taille, mais il était beaucoup plus grand dans son fond.

- Et alors qu'est ce que tu deviens, Milo? Demande l'introverti, timide. Tu es à la faculté, je suppose ?

Sourire triste, Lilio aurait voulu l'accompagner, et devenir un grand étudiant, qui se noie dans les livres encyclopédiques en pleine nuit. C'est sûr que c'était plus tentant que de se faire piquer tout au long d'une journée.

- Tu fais quoi comme études ? Laisse moi deviner... Mathématiques? dit-il en rigolant un peu. Je me souviens quand était à l’école, tu adorais les maths !!! Tu t’énervais toujours un peu contre moi, car moi, je n'y comprenais rien !

Rire qui s'échoue au coin des lèvres, peut-être que Milo s'en souvenait plus. Lui seul avait l'esprit rempli de multitudes de bulles où les souvenirs vagabondaient dans son cerveau.

- Enfin, tu dois plus t'en souvenir, dit-il en balayant par sa main ce souvenir heureux et douloureux.

Mer 12 Aoû - 12:37
Milo Janssen
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Milo Janssen
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Tu ignores son impératif, tu sais que Lilio n'est pas le gens de gars à insister, même quand il veut réellement quelque chose. Le fait est que sa requête relève principalement de l'ordre de la politesse qu'une envie indubitable que tu lui reprennes la veste que tu lui as prêté. Tu expulses un petit souffle désabusé face à la situation. Ce mécanisme qui pourrait être pris pour de la désinvolture, est, en réalité, ta solution silencieuse de râler. Il faut dire que tu n'aimes pas beaucoup t'afficher et surtout pas en public. Les sciences sociales t'ont enseigné ce qui est communautairement acceptable ou non.

Ça ne devrait pas, mais le fait que Lilio ne sache pas ce qu'il veut t'énerve. Épurant l'information sur ce qui te dérange, ton système de logique interne vérifie les données. Lilio a changé tout en restant le même. Il est toujours aussi sur-la-défensive et initie peu les choses. Cependant, ce n'est pas comme si tu étais exacte opposé. En réalité, c'est sûrement parce que ton interlocuteur reflète tes pires défauts que le fait qu'il ne les contrôle pas aussi bien que toi te hérisses à ce point.  

- Un mocha.

Tu es concis. C'est toujours ce que tu commandes. Cette boisson est d'une douceur exquise pour ton palais. Cependant, pour éterniser votre entrevue et parce que ton estomac chaotique le réclame, tu penses plutôt commander un menu. Ici, ce sont plutôt des en-cas qui sont proposés pour accompagner le café.

- Avec une part de cake au citron.

Tu remarques que Lilio est agité, plus que d'habitude. Il semble presque tortiller ses doigts l'un dans l'autre, comme s'il était effaré qu'un quelconque mal dissimilé allât lui rugir en pleine figure. Tu sais reconnaître les signaux et ils sont tous réunis, juste sous ton nez. Ce qui n'est pas totalement incohérent en dépit de son vécu que tu connais déjà et de celui qui est actuellement en train de t'échapper. Tu sais pas réellement comment aborder le sujet, tu sais seulement que la vérité est une puissance devant laquelle on finit toujours par s'incliner, alors maintenant que le mal est fait, tu ne pourras plus faire comme si rien n'était arrivé.

Plutôt passif pour le moment, tu te contentes de récupérer de la matière dans la discussion pour avoir de quoi renchérir. D'une rationalité implacable, ainsi qu'un esprit très indépendant, tu le laisses exprimer le peu de joie qu'il retrouve peu à peu avant de t'exprimer, ne voulant certainement briser son élan joyeux à peine rattrapé. Au final, vous courez tous les deux après le temps.

- Presque en réalité.

Ce n'était pas une classe axée spécialement mathématiques, mais le module comptait énormément pour asseoir tes compétences. Tandis que tu n'aimes pas beaucoup tergiverser, tu vas droit au but en te permettant de rectifier son erreur. 

- Je suis étudiant en informatique en tant que programmeur technique. Ce n'est pas vraiment la faculté mais ça y ressemble, disons que c'est une classe spéciale.

Tu sais que tu dois garder certains détails secrets, alors ton cerveau filtre rapidement les informations que tu choisis de lui révéler.

Une ceinture de nuages flotte dans ta tête pendant que tu cherches des termes spéciaux et percutants pour faire parler Lilio, sans le braquer. Faut dire que ton ami et toi ne partagiez pas du tout les mêmes fonctions concernant vos pensées ou vos manières de raisonner. Par exemple, Lilio a l'air de songer pour un but précis, alors qu'en ce qui te concerne, tu penses pour le plaisir de penser. C'est un hobby comme un autre qui te plonge dans un univers optique fascinant.

Quelques remous pulse dans ton encéphale pendant que tu papillonnes légèrement des yeux. Prisonnier d'une boucle de réflexions infinie, tu as du mal à être aussi spontané que ton interlocuteur.

- Elle est chiante cette musique.

Est tout ce que tu trouves à dire pour l'instant.

Soucieux de préserver l'harmonie sociale qui règne entre vous, tu essayes d'anticiper son besoin et pour le moment, tout ce qui semble le préoccuper, c'est toi-même. En général, tu as du mal à appréhender ce qu'on attend de toi, puisque ta candeur --plutôt paradoxale quand on sait avec quel réalisme tu appréhendes le monde-- résulte d'une absence de préoccupation.

Très détaché de tes propres émotions, tu restes néanmoins tolérant à ceux de Lilio qui cherche simplement à établir un contact avec toi. Le puzzle est plutôt difficile à résoudre puisqu'il y a de nombreuses possibilités sociales de t'en sortir avec lui.

- Et toi alors ? Tu es toujours aussi nul en mathématiques ?

Puisque c'était un des liens qui vous unissez, autant saisir le sujet de nouveau et de l'essorer jusqu'à ce que vous soyez à sec, du moins, le temps d'un trouver un nouveau.

Dim 30 Aoû - 22:49
Lilio De Lucas
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Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Son meilleur ami sait déjà ce qu'il va commander, il est concis et clair. Au contraire de Lilio qui essaie à chaque phrase de ne pas partir dans tout les sens. Un mocha et un cake au citron? Ça conviendra parfaitement à l'exe.

Tout n'est pas comme avant et Lilio le remarque tres vite. Même si Milo avait toujours été très peu loquace, lorsqu'ils étaient enfants, il avait été un des seuls a le faire aligner plus de deux mots. C'est trop succinct pour être naturel et en écoutant son meilleur ami lui expliquer son parcours de vie étudiante, il realisait avec amertume que ce c'était pas un simple brèche qui les séparaient mais littéralement un fossé. Arriveraient-ils à gravir les marches ensemble pour retrouver un semblant d'amitié qui lui tient tant à coeur ?

Le petit brun frissonne inconsciemment lorsqu'il comprend que Milo faisait partit intégrante de la fondation, ou du moins que ces fameux cours étaient gérés par le gouvernement. Cette main tendue qui s'éloigne encore plus de son but. Milo.

- C'est une classe spéciale dont les cours sont donné par la fondation, je suppose ? Demanda t-il sachant déjà pertinemment la réponse.

En fait, pourquoi poser la question en sachant la réponse ? Il ne récolterait seulement un peu plus d'amertume. Lilio baisse le regard, ne préférant ne pas voir son meilleur ami acquiesçer.

L'air ambiant, est plutôt morose, totalement à l'opposé d'il y a quelques minutes, l'exe fuit son regard et étrangement, il a froid et inconsciemment, il resserre la veste contre lui.

La fondation. Elle avait pourri sa vie et continuait de l'abaisser comme un moins-que-rien, un message qui lui disait "ton meilleur ami ? Je l'ai enrôlé en mon sein, vous n'avez plus rien en commun". Il fallait mieux peut-être laisser tomber. Ils avaient changé, trop changé pour envisager un avenir commun.

Lilio hoche la tête à l'affirmation de Milo que la musique est quelque peu agaçante sans pour autant détourner son regard, devant lui, sur ses propres mains enlacés. Il réprime un sanglot qui pourrait passer pour un soupir auprès des autres, et ça lui convenait. L'exe ne devait pas pleurer.

Il relève enfin le regard de ses dextres et finit par faire, à son interlocuteur, un petit sourire.

- Ca n'a toujours pas changé, même au centre, j'ai eu du mal à apprendre mes tables de multiplications.

Il passa une main ml à l'aise dans ses cheveux. Lilio ne pourrait pas savoir pour quelle raison ce sentiment l'animait; parce qu'il n'avait pas de talent en math contrairement a Milo, ou parce qu'il avait parlé du "centre"?

- Enfin, à ce niveau-là, je n'ai absolument pas changé.

Son regard est toujours fuyant, autant ne pas s'attacher à un visage qu'il ne verrait surement plus une fois leur entrevue terminée.

Une serveuse arrive, et sans quitter sa tablette tactile des yeux, prends la commande de Milo puis se tourne vers l'exe relevant enfin la tête. Pourtant, aucune réaction lorsque Lilio lui donne sa commande. Elle reste obstinément bloquée sur lui.

- Ellie ! Ramène ta fraise ! J'ai tiré le gros lot aujourd'hui.

Alors que le jeune homme se tassa un peu plus dans son siège, la deuxième serveuse arriva.

- Ah mais c'est un éxé ! S'exclama t-elle en posant ses affaires sur la table.

Elle s'approcha au plus près de Lilio qui apeuré se recula un peu plus contre le mur.

- C'est vrai que c'est spécial vos cicatrices, je peux toucher?

- Je... hmm... Je... bredouilla l'introverti.

- Ah ! Mais tu as de grandes oreilles, c'est à cause de tes nombreuses mutations ? Demanda l'autre.

- Je... lai- non, laissez... me touchez pas ! Dit-il en reculant un peu plus.

Pourtant, il faillit tomber de la banquette, et en voyant les mains des jeunes filles s'approcher de lui, instantanément, il mit les siennes devant son visage, tétanisé. Il savait qu'il n'y avait aucune agressivité, c'était purement de la curiosité mal placée, mais il se revoyait il y a encore 2 ans de ça, être un objet qu'on aimait toucher pour lui faire du mal.

- NON! ME TOUCHEZ PAS ! cria t-il, en tremblant toujours les bras devant ses son visage, pour protection.

Ven 4 Sep - 19:57
Milo Janssen
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Milo Janssen
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Lilio te semble intrusif mais tu ne t'en offenses pas, après tout, au vu de votre ancienne relation, sa réaction est des plus normales. Tu veux bien lui accorder au moins cette information, alors tu balances ta tête de haut en bas pour acquiescer.

- Ouais, c'est une petite classe de cinq. Les meilleurs du District.

Ta description pourrait paraître hautaine, mais tu es tout ce qui a de plus humble, ne faisant, qu'en réalité, énoncer une indication factuelle. Pour toi, la réussite sociale n'est qu'une illusion qui permet aux gens de se sentir bien. Pour autant, tu n'es pas contre ce mirage de l'esprit et t'y adapte très bien, il est même la clé pour survivre au tréfonds de son monde monochrome. En fait, tu t'estimes plutôt chanceux de réussir à t'en contenter, nombre de révolutionnaires augmentant de plus en plus, prouvant l'incapacité cérébrale de ceux-ci pour s'adapter en société.

Tu relèves un peu les yeux vers lui, plis du front se lissant lorsque tu comprends que tu dois aussi éviter le contact visuel. Lilio ne semble pas à l'aise avec ses sensations, sa perception de l'instant présent certainement brouillé par des idées parasites auxquelles tu n'as pas accès. Le seul point d'accroche que tu as avec lui, c'est l’avènement de vos souvenirs.

- Pourtant tu sais qu'il existe des moyens mnémotechniques pour mieux les apprendre ?

En fait, tu doutes du sujet de conversation. Tu sais qu'il s'agit que d'un sujet balancé sur la table pour décanter le dialogue, Lilio en a certainement rien à foutre de ta méthode pour les apprendre. Cela dit, c'est plus fort que toi, tu es obligé d'aider ceux qui n'y comprennent rien quand toi tu détiens la vérité.

Toi, tu es sans cesse obligé d'en utiliser. Ce trou noir qui consume ta rationalité te force à prendre des mesures drastiques et donc des habitudes qui, même si elles te lassent, sont nécessaires pour faire tourner ta machine à penser.

Alors qu'une serveuse s'approche de vous pour noter votre commande, cette dernière interpelle sa collègue à la dérobée pour fixer Lilio comme s'il était une bête de foire. La première fois, tu croises les bras contre ta poitrine en fulminant intérieurement. Examinant la situation sous tous ses aspects, tu remarques bien que les deux serveuses ne l'agressent pas particulièrement. Certes leur curiosité morbide et déplacée fait peur à ton ancien ami d'enfance, mais en plus, leur comportement ouvertement piquant n'est pas professionnel.

Tu cherches à résoudre le problème sans le moindre risque ou effort et la solution n'est pas compliquée. Sans crier gare, tu te lèves pendant que ta chaise grince sur le parquet, le bruissement dilué derrière les protestations sonores de Lilio.

Tu choppes l'équipière, celle qui est en face de toi --la plus proche-- et pose ta main sur son épaule afin de t'insérer entre elles deux et l'Exe qui s'auto-liquéfie sur son siège.

- Vous ne voyez pas que vous le mettez sérieusement mal à l'aise ?

Commences-tu par contextualité avant de te montrer accusateur.

- Vous n'avez pas mieux à faire ? Comme, je ne sais pas, noter nos commandes ?

Tu n'aimes pas beaucoup faire ça, mais la situation l'exige et puisque tu n'as pas beaucoup haussé le ton, de peur qu'on te regarde, tu fouilles dans ta poche antérieure et sors une carte d’accréditation ainsi que ta carte de résident et étudiant.

- Milo Janssen, du District 1. J'exige un repas gratuit pour mon ami en guise de dédommagement moral pour l'influence de vos réactions non dissimulée sur sa catégorie.

En effet, même si la scène n'avait pas fait l'unanimité générale, quelques têtes avaient pivoté dans votre direction pour, finalement, ne pas y réagir. C'est peut-être certainement ce qui avait de pire pour toi, l'état passif des spectateurs.

- Appelez-moi votre responsable.

Ton timbre sérieux indiqua que tu n'étais certainement pas là pour plaisanter.

Et derrière ton dos, dans l'angle mort des serveuses éhontées de la situation, juste un de tes doigts sur le genou de Lilio. Celui qui signifie :

Bouge pas, je gère tout.

Jeu 10 Sep - 23:20
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Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?


Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?


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