The sky above the port was the color of television, tuned to a dead channel.
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Bienvenue, .
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3  Suivant

Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Lilio De Lucas
Utilisateur
avatar
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

La main qui devait s'abattre sur lui demeura dans le néant. Aucune main le heurta. Il était déjà parti dans les abysses de son passé. Une voix s’éleva ; dure, droite sans la moindre vibration dans son timbre qui pourrait trahir sa nervosité.

L'exe retire progressivement ses bras de son visage terrifié. Un dos fait barrière entre lui et les femmes du restaurant. Milo est pourtant plus petit que lui, mais dans cette position, sa cambrure dorsale imposait clairement le respect. Et effectivement, la musique, désagréable à l'ouïe avait cessé et certaines têtes curieuses s'étaient retourné happées par la situation.

Milo se présente de la façon la plus froide possible à ses interlocutrices, révélant avec vivacité qu'il fait partie du district 1. Lilio frissonne, certes sa voix n'avait jamais été mélodieuse, mais celle que prenait Milo à cet instant lui faisait penser à ces médecins trop sur d'eux, de leur rire satirique sans la moindre émotion. Il en avait peur, à cet instant, de son ex-meilleur, il était clairement différent. Il faisait définitivement partie du district 1 et lui du district 4, les classes sociales les séparaient, mais le temps aussi, les cicatrices, leur avenir.

Les quelques curieux regardent la scène, et Lilio captent quelques brides de murmures "Que fait un gamin du district 1 avec une loque, qui plus est un exe? La fondation, est-elle au courant ?". L'introverti se concentre sur le dos de Milo puis tire un peu sur son veston avec un "Milo..." Inaudible, pourtant, rien ne se passe et il retente avec des "s'il te plaît" ou "c'est pas grave". Et là, un doigt se pose sur son genou à l’abri des regards. Enfin, c'est ce que Milo croyait, mais il n'avait pas la vue et l'ouïe de derrière. Des "ah, tu as vu, il lui touche une partie de son corps, écœurant !".

Ils avaient peut-être raison, les personnes du district 1 ne devaient côtoyer personne et rester entre eux. De rage, ses émotions s’entremêlant dans sa tête, il repoussa le doigt de Milo et se relève, les deux mains sur la table, le regard baissé. Ses larmes faisant des petits "plocs" sur la table.

- Ce que je veux, moi... Je veux juste que Mesdemoiselles, vous ne me touchez pas...

Il releva la tête légèrement crispant ses doigts sur la table.

- Qu'on n'aies pas pitié de moi, et que l'on n'attire pas l'attention sur moi...

Il se rassit, ses cheveux cachant la moitié de ses yeux.

- Je paierais mon repas, je ne souhaite pas de traitement de faveur.

Le calme était enfin revenu, les deux jeunes serveuses restèrent stoïques avant de repartirent à leur occupations, la musique reprit, les discussions fusèrent comme si les demandes de l'exe avaient été entendues. Pourtant, lui était épuisé, mentalement et physiquement. Physiquement depuis bien longtemps.

- Et les maths, tu sais, c'est une histoire de logique, si tu n'as pas la logique infuse, c'est compliqué. dit-il en montrant enfin ses yeux.

Ils étaient rougis bien évidemment, mais c’était son métier, de faire semblant que tout aille bien. Il s'autorisa même à lui faire un petit sourire.

- Ça me manque parfois l'école... dit-il morose.

Le directeur s'approcha à pas feutré de leur table.

- Excusez-moi d’interrompre votre conversation. Je souhaite vous présenter mes plus plates excuses, et souhaiterez vous dédommager de 25 % la note totale de votre repas.

Lilio rougit légèrement, mal à l'aise et jeta un regard vers Milo avant de répondre timidement.

- Nous acceptons, Mer... Merci Monsieur...

Le directeur parti laissant seul à nouveau les deux ex-meilleurs amis.

- Tu ne trouve pas qu'on a trop changé ? demanda l'exe.

Il se mordit la lèvre, autant mettre les pieds dans le plat et être blessé une fois pour toute. Avec tout ce qu'il avait enduré cette journée, on était plus à ça près.

- Tu crois qu'on pourrait redevenir amis, toi?

Lun 14 Sep - 20:09
Milo Janssen
Utilisateur
Milo Janssen
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Alors que tu règles la discorde d'une main de fer, un segment dans tes cours t'ayant enseigné comme gérer les situations conflictuelles, l'intéressé du débat fait grincer sa chaise contre ses jambes et pose des mains alangui sur le sommet de la table.

Aussi raide qu'un métal ductile, il fait part de ses envies et tu penches légèrement la tête, à la fois surpris par cet élan rebelle mais aussi très intrigué par ce que ton ancien meilleur ami avait à débiter. Sa voix ne sort jamais que dans sa tête, alors quand tu l'entends affirmer ses convictions, tu restes bouche bée. Il y a un certain contraste entre la profondeur de ses requêtes et la façon dont Lilio les met en avant. C'est une mélasse étrange, qui est le résultat d'une personnalité bien trop pusillanime pour que le discours soit pris au sérieux. Pourtant, les choses sont dites clairement, sans détour alambiqué.

Ton cerveau pragmatique a la certitude que l'intervention de ton interlocuteur lui a demandé beaucoup d'énergie, et la dynamique a une certaine logique quand il s'assoit de nouveau pour reprendre votre conversation initiale.

Pour autant, tu ne réponds pas, toujours aussi scotché. Reprenant place doucement en coinçant l'interstice de ton pouce et ton index contre le dossier, tu coulisses la chaise pour venir d'y poser à ton tour. L'Exe continue la conversation. Tout seul. Il s'en fiche que tu répondes au non et encore plus glauque, derrière ses mèches épaisses, deux pairs orbes rouges et gonflés s'affairent à se rendre lumineux et pétillants. Mais ce n'est pas ce qui te choque le plus, non.
C'est son sourire. Putain.
Comment est-ce qu'il peut sourire dans un moment pareil ?

Tu manques un peu d'empathie. Non pas que le voir pleurer te réjouit, mais le voir s'évertuer à feindre l'indifférence te fait renifler d'agacement. Lilio fait l'autruche et son attitude te débecte. Mais peut-être que ce qui te soûle le plus est ton incapacité à pouvoir le sauver ?

Le Directeur de l'établissement mis au courant en amont vient à votre rencontre et rompt le fil linéaire de tes pensées bien stable, elles. Il vous offre une ristourne que Lilio accepte. Tu le fixes, incrédule. N'avait-il pas affirmé ne pas vouloir de traitement de faveur ?

Tu restes bloqué, la mâchoire tombant presque aux pieds de la table. Lilio dit tout et son contraire, n'arrivant même plus à être en accord avec lui-même.

C'est sûr, pour toi, il a fumé un bon pétard avant de te croiser.

- Est-ce que tu as fumé quelque chose Lilio ? Tu ne te gênes pas de lui demander. Franchement, tout dans son comportement indique qu'on a dû lui vendre de sales quantités.

Poussant l'air de ta bouche, tu te pinces l'arête du nez. Est-ce que tu chercherais à gagner du temps, Milo ?

Observant de nouveau ta cible, tu constates qu'il ne se donne aucun répit mental. Même quand il te demande cette information aussi triviale pour toi, il ne peut s'empêcher de se mutiler les lèvres à coup de dents tranchantes ou de très certainement hurler dans sa tête.

- Bien-sûr qu'on a changé. On n'a plus six et sept ans. Tu n'es pas certain de la donnée, mais le but final est le même de toute façon. On a acquis en maturité, en expérience, nous ne sommes plus pareils autant dans notre structure physique que mentale.

Tu préfères voir le contexte de façon concrète, favorisant la pratique et l'expérience. Peut-être que tes paroles peuvent être dures à entendre, à encaisser, peut-être même que tu n'aurais pas dû évoquer le physique en vue de la charpente corporelle modifiée en laboratoire de Lilio. Après tout, pour un pote, tu as appris à utiliser le pronom "iel" alors tu peux bien faire des efforts pour ne pas en parler devant ton ancien meilleur ami ?

AAAAH, putain que c'est compliqué. Esprit utilitaire et sens de l'amitié s'enchevêtrent dans ton encéphale et forment alors des cheminements de pensées totalement aléatoires.

Tu comprends ses désirs implicites, et tu as le droit à tout un conflit interne.
S'il savait. S'il savait à quel point tu ne peux pas le laisser s'approcher de nouveau de toi. Sa personne va finir par devenir plus que de la simple brume dans ton esprit et si tu le laisses évoluer près de toi... Entre tes propres besoins personnels et le désir de satisfaire ceux de Lilio, tu aurais pu choisir la partie égoïste.

Et tu le fais.

- On peut apprendre à le redevenir. Que tu confirmes en hochant lestement la tête.  

Pour rattraper ta maladresse, tu lances un nouveau sujet.

- Mes parents veulent absolument qu'on fasse un sport avec ma sœur. Je pense qu'ils pensent qu'on a trop la tête dans nos cahiers, ils aiment qu'on soit efficaces et pense donc que c'est utile de s'aérer l'esprit. Or, comme tu le sais, je ne suis pas du tout sportif. Ils nous ont balancés soit tennis soit bowling. J'ai pris bowling car c'est le moins fatiguant et ma sœur n'a... bah elle n'a pas eu le choix. La situation ne la dérange pas, mais je commence mon activité de club demain, et je t'avoue que ça m'angoisse un peu. Tu ne sais pas pourquoi tu parles à cœur ouvert comme ça, mais tu continues. Je ne suis pas particulièrement pas à l'aise de rencontrer de nouvelles personnes, mais j'ai surtout peur de ne pas pouvoir gérer mon emploi du temps.

Tu te sens un peu ridicule de laisser percer à ses oreilles ton tracas oisif à ses yeux. Surtout que tu n'en dévoiles que la moitié.

Ton sport à toi est censé faire évoluer ta concentration pour ralentir la progression de ta maladie. Surtout qu'il ne demande pas double exécution de tâches et permet également un plus petit paramètre de distraction. À la limite la chute de quilles de la piste adverse pourrait te déstabiliser ou les lumières contrairement à une balle véloce qui rebondit n'importe où et qu'il faut suivre des yeux.

Mais tu n'es à l'abri de rien, et en parler un peu t'as libéré d'un tout petit poids qui écrasait ta poitrine.

Ven 18 Sep - 4:23
Lilio De Lucas
Utilisateur
avatar
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

La tête de Milo le fait légèrement sourire lorsque Lilio avait accepté la proposition du directeur. Ce qu'il n'avait pas compris, c'est qu'a l'instant T, où le dirigeant du restaurant est venu, personne d'autre qu'eux n'avaient la vue et l'ouïe sur la conversation. Il ne pourrait pas entendre des simagrées d'autres clients, tout ça c'etait fait dans la discrétion la plus totale. Et c'est ce que Lilio voulait ni plus ni moins.

- Non, non, je n'ai rien fumé. Mais regarde autour de toi. dit-il en faisant un mouvement de poignet. Cela c'est fait en toute discrétion, personne n'est intervenu dans notre conversation avec des messes basses.

Milo répond à sa question de façon concise, et prête à l'emploi. Comme s'il lisait une notice explicative. L'exe baissa un peu les yeux, il ne s'attendait pas à ce qu'il lui reponde de cette manière, sans conviction particulière. Il aurait voulu lui crier que certes, on changeait tous, mais on gardait toujours une âme d'enfant. "Te rappelles-tu, Milo, quand on achetait des bonbons apres l'ecole? Et te souviens-tu que tu t'arrangeais toujours en cours de sport de te mettre avec moi ? Que lorsque j'étais invité à dormir chez toi, il m'était impossible de dormir sinon contre toi?" Et tout ça, tout leur souvenir n'implique seulement une voix monocorde ?

"Putain, ça fait mal !"

Il avale difficilement sa salive qui reste coincé dans sa gorge, mais ce ne fut rien face à la phrase sans saveur et oubliée de toute émotion qui lui balance Milo. Il ne voulait clairement pas continuer leur amitié où ils l'avait laissé. Quelque chose cher à son coeur qui partait dans les abysses du néant, de l'oubli.

Cela confirme ce que Lilio pensait lorsque son ex meilleur ami change plus vite de sujet que jamais.

"Ca fait putain de mal."

Mais pourtant, il relève la tête et se concentre sur son ami, souriant pour l'encourager parfois. Il avait été seul les dix dernières années, ça ne changerait que très peu maintenant.

L'introverti détourne un peu lorsque Milo lui parle de l'agacement envers ses parents, de leur autorité, mais savait-il seulement la chance qu'il avait que ses parents se préoccupent de leurs enfants? Que certains voudraient être à sa place, en parfaite harmonie en famille? Le concept de famille avait échappé à Lilio depuis bien des années, et pourtant, il croyait toujours en ses parents.

- Tu sais, profites de ce que tu as à porter de main, Milo. dit-il en passant une main légèrement tremblante dans ses cheveux. On ne sait pas ce que demain nous réserve. Un jour, tu es heureux et le lendemain tout à basculé sans la moindre explication.

Lilio passa une main sur la table comme s'il balayait quelques miettes invisibles, surement pour se donner contenance.

- S'ils font ça, c'est qu'ils s'inquiètent pour toi et ils seraient heureux que tu essayes au moins, après rien ne t'empêche de leur dire que ça ne t'a pas plu...

Cette situation était quelque peu irréaliste, Lilio qui n'avait plus de parents qui donnait des conseils a Milo, lui bien entouré.

- Je pense sincèrement que justement, ils ont voulu que tu décroches un peu du boulot...

L'exe encra ses yeux à ceux de son ex meilleur ami.

- Il y a une autre solution pour qu'ils te lâchent un peu, c'est que tu sors avec des amis, une petite amie, ect...

Il se retint de rire en voyant la tête de Milo et se réinstalla un peu plus contre le dossier de sa chaise.

- C'est radical, mais au moins tu aurais la paix pour un moment.

Lilio posa son menton sur le genou qu'il avait préalablement ramené contre lui. Il s'était toujours demandé ce que cela faisait de sortir entre amis, entre étudiants, à boire un verre inconscient de la dure vie à deux ruelles de leur petit cocon.

Sam 19 Sep - 18:15
Milo Janssen
Utilisateur
Milo Janssen
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Regardant discrètement par-dessus ton épaule, tu affiches une mine impassible lorsque Lilio t'expose l'objet de son tracas.

- C'est juste ça qui t'emmerde ?

Tu n'arrives pas à bien comprendre pourquoi il paraît si embarrassé. Toi aussi tu n'aimes guère te faire remarquer, mais tu ne vas pas baliser jusqu'à prendre en considération toutes les messes basses qui circulent dans l'air. Lilio s'attache à de petits détails qui le rendent encore plus nerveux que ce qui peut déjà l'être. Ton ancien meilleur ami a peur d'avoir peur et au final, en voulant éviter à tout prix ce sentiment, c'est celui qui finit irrévocablement par surgir. En somme, c'est le serpent qui se mord la queue.

Tu roules un cure-dent disponible au centre de la table entre tes doigts et te mets à réfléchir à ce que dit Lilio, suivant uniquement le mouvement de la tige de bois pour ne pas le perturber dans son discours par une interruption visuelle de ta part.

C'est une logique très émotionnelle qu'il te propose, pas les réponses que tu espérais dans l'immédiat. Tu te permets alors de rectifier le tir pour sa première inspective.

- Je le sais ça Lilio, ce n'est pas le problème. Tu ne veux pas débattre sur ce terrain-là parce que tu as conscience de ton égoïsme. Tu n'avais simplement pas besoin de l'entendre, mais ton camarade est tout à fait dans sa légitimité après tout. La question n'est pas de savoir si je serai là demain ou quoi, mais bien de la problématique du présent... Hm excuse-moi, je n'aurais pas dû te dem_

Tu parles légèrement dans le vide puisque ton interlocuteur a décidé de se battre pour te remonter le moral. Cachant un léger sourire dans ta manche remontée jusqu'à ton orifice communicateur, tu n'as rien contre le fait qu'il défende tes parents, au contraire.

Il te faut un autre point de vue. Une autre approche. Les découvertes ne se font pas avec des recherches qui ne tentent rien de différent.

- Raaah mais j'ai essayé. Le souci c'est qu'ils sont trop têtus. - Tu as bien hérité ça d'eux Milo - C'est une possibilité étant donné qu'ils ont affirmé que mon efficacité doit être boostée par d'autres activités pour mieux me préparer à la suite. Tu t'embrouilles un peu dans ta phrase et tes mots. C'en est frustrant de ne pas réussir à lui expliquer correctement la situation.

Crac.

Le cure-dent se casse entre tes phalanges quand Lilio arbore le sujet des amis ou de la petite copine. Tu le regardes, les yeux vidés de vie et tu tournes la tête, justifiant ce mouvement à complaire tes yeux à observer un objet de décoration contre le mur de l'établissement.

- ... Peut-être ? Je ne leur ai jamais soumis cette hypothèse.

L'ébauche a au moins le mérite de t'y faire réfléchir. Tes parents aiment les résultats, mais ces derniers ne sont jamais aussi bien vus que les efforts fait pour y parvenir. Même si tu échoues alors que tu essayes de toutes tes forces, tes géniteurs estimeront ton travail. Alors peut-être que s'ils veulent vraiment te sociabiliser, ou te faire lâcher prise pour reprendre leurs propres termes, t'ouvrir un peu plus pourrait faire cachet de ce qu'ils veulent sans pour autant nuire aux valeurs des Janssen ?

Pour le coup, tu ne sais plus trop quoi en penser et tu te tâtes en spéculations verbales, réfléchissant à voix haute.

- Peut-être que je m'en ferai au club ?

Encore une supposition.

- De toute façon à part mes jeux en ligne ou mon boulot, je ne vois pas où m'en faire.

Et encore, tu arrives mieux à t'entendre avec des personnes dans une tranche trentenaire et plus qu'avec tes propres congénères que tu juges immature et inadapté à la pensée carriériste.

Un serveur vient à votre rencontre et vous distribue les boissons. Aussitôt la tienne prise entre tes mains que le gobelet en papier recyclé est déjà tiède, comme si votre commande avait été préparé il y a longtemps et qu'on l'aurait laissé sur le comptoir.

Arquant un sourcil mécontent, tu patauges ta lèvre supérieure contre le rebord et aspires une faible gorgée.

- Putain c'est froid leur connerie.

Un coup d'oeil à Lilio et tu comprends qu'on ne lui a pas servi un mocha, mais un décaféiné.

- Tu n'avais pas demandé la même chose que moi ? Ces incompétents t'ont servi autre chose !

Deux théories. Soit c'est fait exprès, soit il y a un autre Lilio dans la salle, qui lui, à bien un mocha.

Franchement la situation t'agaces. En plus que deux petites idiotes se soient penchées sur Lilio comme s'il était une bête de foire, ton ancien meilleur ami n'obtient pas sa boisson qu'il n'a lui-même pas eut le courage de choisir.

Tu vas finir par y croire.
À cette histoire de karma.

Mer 23 Sep - 4:13
Lilio De Lucas
Utilisateur
avatar
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Le ton qu'emploie son meilleur ami à un arrière goût de reproche dissimulé et pourtant Lilio se retient de lui hurler à la figure que justement c'est en "sachant tout" qu'on ne sait rien du lendemain. L'exe avait déjà bien vu les dimensions parallèles qu'etaient leur vie. Et définitivement elles ne croiseraient plus jamais. Certes, Milo avait toujours été un peu "je m'en foutiste", maintenant, c'était beaucoup plus exacerbé ou c'était peut-être lui qui prenait les choses avec beaucoup trop d'implication emotionnelle. Mais pouvait-il changer son caractère ? Ce n'était pas comme s'il avait changé du tout au tout. Milo, avait-il réellement changé ? Il ne lui avait pas dit qu'il ne voulait pas être ami, en fait. Mais redevenir amis, signifiait tout oublier pour recommencer à nouveau.

Un renouveau.

Mais Lilio arriverait t-il lui a oublier leur passé commun? Perdu dans les méandres de ses pensées bouleversantes, il en fut sorti par le cure-dent roulant entre les doigts de Milo. C'etait en effet hypnotique, comme si son ex meilleur ami cherchait à concentrer son attention sur lui. Il parle et pourtant il ne l'écoute que de tres loin, "Je comprends mieux d'où tu tiens ton coté têtu alors, Milo".

Lilio sursaute, quand le cure-dent se brise en deux, comme si c'était ses os qui se brisaient, se perdant quelques secondes dans les abysses maculés de blanc. Sa trachée lui faisant mal quand il avale sa salive, le fait revenir au présent.

Il remonte son regard vers son meilleur ami et se concentre enfin un peu plus sur la conversation, ne faisant rien paraître. Tout va bien, et même sourit en voyant la brume dans laquelle le cerveau de ton ancien meilleur ami essaie d'y voir plus claire.

- Tu sais que tu les trouves à ton club ou derrière ton ordi, tu sauras toujours deceler les personnes avec qui tu veux être ou non amis.

Lilio lui sourit amicalement et arrangea un peu plus son pantalon froissé, sa jambe toujours contre lui, tirant sur le bas de seconde main comme si ce dernier allait se défroisser par magie.

- Le plus important, c'est que tu ne changes pas pour avoir l'intérêt pour quelqu'un, dit-il d'un voix simple. Reste comme tu es, les gens s'ils veulent te connaître viennent d'eux même. Après, tu dois aussi aller vers les autres. C'est du donnant-donnant.

Lilio se passa une main dans les cheveux pour dégager ses yeux.

- Je ne m'en fais pas pour toi, tu es quelqu'un d'assez sociable.

Il se réinstalle, faisant tomber sa jambe le long de sa chaise, lorsque les boissons arrivent devant leur nez. Un petit coup d'œil et un sourire a Milo avant de prendre gobelet en carton en soupirant de bien-être en ressentant la chaleur attiser ses doigts gelés. Il trempa légèrement ses lèvres dans le liquide marron, mais ça n'avait pratiquement pas de goût, en tout cas pas de crème qu'un mocha devait leur offrir.

L'exe releva la tête et au regard de Milo, il avait compris que quelque chose n'allait pas. Parce qu'il le connaissait par cœur, comme de vrais amis ou parce qu'on pouvait lire en lui comme un livre ouvert ? En tout cas, ça réchauffe un peu son coeur brisé, ça faisait plaisir.

Milo s'exaspère de l'incompétence des serveurs et pourtant Lilio fait glisser son bras sur la table posant sa main sur sa jumelle d'en face, fixant Milo dans les yeux :

- Ce n'est pas grave, Milo, ça arrive a tout le monde de se tromper.

Sa main se retira aussi vite qu'elle était venue. Il rougit légèrement, certain n'aimait pas le contact humain, et rentrer dans leur bulle personnelle pouvait paraître pour certain une atteinte à leur espace vital. Il joua un peu avec le muffin devant lui, récoltant les petites miettes sur son doigt.

- Regarde, en ce qui concerne les gâteaux, ils ne se sont pas trompés ! fait-il remarquer avec un sourire.

Lilio croqua dans le petit encas, mais même s'il y est allé avec la plus grande prudence, quelques petites miettes restèrent à la commissure des lèvres malgré une langue experte en récolte de petits morceaux.

- C'est super bon ! dit-il pour détendre l'atmosphère. Tu devrais goûter, Milo !

Il finit par s'essuyer la bouche avec le mouchoir qui trônait en dessous de son muffin.

- Dans quel district est ton club de bowling ? demanda t-il curieux.

Ven 25 Sep - 20:36
Milo Janssen
Utilisateur
Milo Janssen
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Ton corps fut pris d'un mouvement involontaire succinct lorsque Lilio tressaillit. Tu ne t'attendais à ce qu'il ait un sursaut soudain. La conversation prend un tournant que tu ne gères plus. Lilio, encore une fois, s'embarque dans des discours émotionnels, mais pour le moins plutôt plein de sens si tu n'étais pas complètement dans le déni de tes propres émotions.

- ...

Tu ne comprends juste pas ce que ça fait là. Pourquoi est-ce que Lilio s'embarque en te parlant de tes valeurs personnelles ? Tu te doutes que le fond de sa pensée ait un lien avec ta capacité à te faire des amis, les faits sont clairs, cependant, son cheminement de pensée est beaucoup trop alambiqué. Les crises identitaires ce n'est pas ton truc. Pour autant, tu as un fort besoin d'être aimé et accepté.

Autant jouer le jeu.

- Je le sais ça Lilio, c'est la base d'une rencontre.

Tu n'arrives pas à réfréner tes envies de rétablir la vérité absolue. Tu sais comment ça marche, alors tu n'as pas besoin que ton interlocuteur te fasse une piqûre de rappel. Est-ce que ça lui a apporté une sorte de sentiment d'accomplissement et de satisfaction ? Un peu découragé par ton incapacité à lui communiquer ta gêne sociale, tu laisses couler ta tête contre la paume d'une de tes mains, doigts en crochet contre ton menton.

- Je ne suis pas sûr qu'être sociable est un mot qui me qualifie.

En effet, ta sœur a plutôt tendance à t'identifier comme un ermite ou un sale grincheux. Alors la définition de ton ancien meilleur ami te paraît bien trop loin de ta propre réalité.

Alors que le serveur apporte vos besoins que tu rentres dans un état de colère contre leurs incapacités à retenir une commande aussi simple, Lilio, toujours fidèle à lui-même, vient calmer le jeu. Cela dit, son approche à quelque chose de plus mature que quand il retourne simplement dans sa coquille. Loin de faire l'autruche comme à l'accoutumée, au contraire, c'est d'une démarche douce et presque maternelle qu'il suggère une évocation qui te parle.

Se tromper.

Oui c'est un facteur que tu évites souvent lors de tes programmations car le codage te demande d'être précis. Impossible de mentir avec les langages binaires et prolog.

Et le chemin de sa main sur la tienne propose le même trajet. Elle se connexe en toi et t'alimente en concentration. Des petits frissons arpente tes phalanges et circule dans ton sang pour venir allumer l'ampoule de ton système commanditaire.

Des paroles linéaires et empruntent de vérité. Tu serres un peu la mâchoire. Toi tu ne peux pas faire d'erreurs. Tu n'en as pas le droit.

Dur avoir toi-même, ta pensée introvertie ne veut pas l'admettre ouvertement. Pourtant, même si ton encourage continue de tolérer, toi tu n'as pas le temps, tu n'as plus ce temps.

Ta vie est réglée comme du papier à musique. Tu ne peux pas te permettre d'essayer ou de tâter pour trouver. Ton objectif est de conclure à des résultats rapides et soigneux.

Dans ton cerveau tout va très vite. Les rouages s'écument de réflexions et brasse le temps, t'en faisant perdre la notion. L'efficacité ne peut pas l'être si tu n'as pas de temps. Mais si tu es rapide est-ce que tu seras toujours compétent ?
Tu étouffes
à rester sur place.

Il te faut une nouvelle manière d'apprendre.

Ou peut-être juste une nouvelle façon d'appréhender ton univers ?

La main se retire et tu te demandes combien de temps vous êtes restés comme ça, à vous regarder dans les yeux. Même si tu étais un peu absent.

- Ah euh ouais... les gâteaux.

Tu récupères le tien et le picores juste un peu. Levant les yeux au-dessus de tes lunettes de repos que tu as oublié de retirer, tu pouffes légèrement face aux manières de ton camarade qui s'empiffre comme si cette simple pâtisserie était son banquet.

- Ben dis donc, tu es bien enjoué pour manger un simple gâteau.

Tu essayes un nouveau style de décontraction qui ne te correspond pas des masses.

- Il est dans le District deux. Il n'y a pas ce genre d'installation dans le premier qui conditionne sa population au travail. Enfin, cela ne veut pas dire que les loisirs sont interdits, mais ils sont plutôt rares, car vus comme une perte de temps.

Et tu es mitigé face à ce fonctionnement drastique. Pour toi, les occupations ne sont pas nécessairement un frein. Le cerveau humain ne peut pas être ensacher comme un droïde. C'est un organe vivant qui a besoin de stimuli et il est totalement contre-productif de s'en priver.

Tu lui expliques brièvement ta théorie en rajoutant qu'en revanche, trop d'activité annexe appauvrit l'énergie de l'encéphale.

- Et toi Lilio ? Tu as un hobby ?

Assez parler de toi. Tu as été bien tolérant jusqu'à présent. D'ailleurs au même moment, un membre munit de l'allégorique tablier de travail circule et tu l'appelle en claquant sèchement des doigts au-dessus de ta tête.

L'équipier se retourne et progresse vers vous. En coulissant un œil dans sa direction, tu remarques que celui-là a l'air relativement jeune et plutôt nouveau dans le métier. Sourcils froncés, ta dextre cherche la boisson sur la table pendant que tu fixes le serveur.

Et là. La situation immédiate t'échappe.

Tu coules un regard désespéré à Lilio. Merde.

Qu'est-ce-que tu allais demander déjà ?

Lun 28 Sep - 3:41
Lilio De Lucas
Utilisateur
avatar
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Lilio avait enfin mis un mot sur leur différence insurmontable pour lui. Milo était logique et lui-même marchait au feeling. Milo pensait bleu, Lili pensait bleu avec des nuances argentées par exemple. C'étais lorsque l'on passait à l'âge adulte que l'on devenait plus perspicace et que l'on amorçait une certaine logique à chaque pas, apprentissage de la vie. Mais pour l'introverti, sa vie avait cessé d'avancer à ses dix ans alors oui, il était certainement crédule sur beaucoup de choses, comme un enfant.

Mais cet état de fait était-il si infranchissable qu'il croyait ? Ils avaient juste deux méthodes différentes d'appréhender le monde. Comme le soleil apporte de lumière à la terre, la nuit, apporte de l'ombre. Le Ying et le Yang. Ils se complétaient. Ils l'avaient toujours un peu été quand ils étaient enfants, ça n'avait pas réellement changé. Le "timide Lilio" et l'"intrépide Milo".

Toujours en train de manger son cake, il lui sourit franchement et avala avant de prendre la parole.

- Au moins ça à le mérite de te faire rire ! Dit-il joyeux. Moi du moment que c'est bon, si je me régale ça se voit sur mon visage !

Pourtant, il ne finit pas son quatre heure et le délaisse sur la table puis tire sur les manches de la veste de Milo afin d'y dissimuler ses mains comme s'il faisait une tempête de neige mais ils étaient bien dans un restaurant, le chauffage tournait sans cesse.

- Et pour revenir au fait que tu sois sociable, je me suis mal exprimé, excuse moi... Je voulais dire que tu aimes être entouré. Pour le travail, tu aimes être isolé, mais socialement, tu aimerais aussi être apprécié comme quand tu étais petit en fait, alors que moi-même, si je ne voulais pas être seul, à chaque fois que quelqu'un venait me voir pour aller jouer j'étais incapable d'aligner deux mots... murmura t-il pour lui-même. Et ça, ça n'a vraiment pas changé.

Le brun déplia ses deux bras sur la table et joua à lier ses mains et les delier, un peu mal à l'aise. Sa morosité ne fit qu'accroître quand son ex-meilleur ami lui répondit que son club de sport était dans le district deux. Étant du district quatre, l'exe qu'il était n'avait aucune habilitation à trainer dans les hauts rangs.

- C'est bête, dit-il en plaisantant. Même si on l'aurait voulu, je ne pourrais pas t'accompagner ou venir te voir...

Quand bien même, Lilio avait osé. Peux-être que Milo n'avait jamais envisagé l'hypothèse, ne serait-ce de le revoir encore moins qu'il s'impose dans sa vie extra-scolaire.

Il baisse le regard comme un chiot pris sur le fait d'une grosse bêtise, attendant la sentence. Lilio entend à peine que Milo interpelle d'un claquement de doigts, sans humanité, un serveur qui n'y était sûrement pour rien. On n'appelait pas les gens comme ça même avec le plus grand des mépris. Pourtant, aucune parole prononcée le fait redresser la tête et la situation le brusque dans ses retranchements, lui d'habitude si renfermé.

Devant lui, un Milo totalement perdu, le fixant pour trouver une solution, et de l'autre côté un serveur qui s'impatientait de leur non-reaction. Il fronce les sourcils et coulisse légèrement son visage vers l'employé sans pour autant lâcher Milo du regard.

- Je suis navré, mais je n'avais pas commandé de deca et mon ami n'a reçu qu'un mocha tiede. Pouvons-nous maintenant avoir ce que nous avions commandé ?

Perdant le contact visuel avec Milo, Lilio fixe son interlocuteur, neutre mais pourtant son regard en disait un long. Blasé, il en avait un peu marre de se laissait marcher sur les pieds. Résolution qu'il ne tarda pas à perdre.

- S'il vous plaît ? rajouta Lilio.

Le serveur s'inclina et s'éclipsa, impressionné par l'exe ce qui lui permis de se concentrer à nouveau sur le centre de son attention: Milo. Il se rapprocha un peu, brisant un peu l'espace entre eux.

- Hé, Milo ? Ca va ? Tu es blanc, d'un coup ? S'inquiete t-il.

Le jeune homme rapprocha sa main de la sienne, puis suspendu son geste a temps. Il était trop tactile, ça pouvait être mal vu, et ce n'était pas son but. Baissant un peu le regard entre eux, il récupéra la part du gâteau de son ami, qu'il avait à peine touchée, et le coupa en deux et en tendit un morceau devant l'étudiant.

- Mange un peu, ça te fera remonter ton taux de glycémie.

Lorsque son ami prit le cake, Lilio retira sa veste prêtée, et lui entourant les épaules pour le réchauffer.

- Il ne faut pas que tu prennes froid dans l'état que tu es déjà.

L'exe lui sourit chaleureusement et il se laissa retomber sur le dos de la chaise. Ne voulant pas rester sur ce malaise sans possibilité de le décanter, il se rappela qu'il n'avait pas répondu à sa question posé précédemment.

- Je n'ai pas particulièrement de hobby, mais j'aime beaucoup lire... Dit-il un peu rêveur. Ça m'a beaucoup aidé quand... quand j'étais en centre... Ça m'aidait a m'évader en quelque sorte...

Ven 2 Oct - 21:23
Milo Janssen
Utilisateur
Milo Janssen
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Lilio a bien compris que tu avais besoin de précisions, alors il t'en apporte à son niveau et faut dire que son analyse, bien qu'assez banale aux premiers abords, est plutôt d'une justesse bancale. Les souvenirs sont précieux oui, mais ils ne doivent pas non plus devenir une base cimentée qui empêche la progression. Contrairement à toi, ton ancien meilleur ami reste bloqué dans ce passé qu'il évoque sans cesse puisque c'est la seule ficelle qui le relie encore à toi. Alors que pour toi, ils sont un poids que tu aimerais perdre en chemin. Ce n'est ni blanc, ni noir, juste incertain.

Vous reprenez ensuite la conversation à ton hobby forcé.

- Ce n'est grave, de toute façon, ça ne restera pas beau à voir. Je ne connais même pas les règles tss.

Enfin tu connais les termes de strike, spare et gouttière, mais tes connaissances se limitent à ce spectre-là. Ne voulant pas derechef incomber Lilio, tu remarques l'erreur de l'établissement concernant vos commandes respectives.

- ...

Un instant dans le vide, en suspension dans le silence à te demander ce que tu voulais réclamer. Les yeux complètement écarquillés par un état d'inertie et d'insensibilité profondes, tu cherches un point de raccord, une logique qui peut éveiller tes pensées pour les transformer en mot. Et il est là devant toi, à avoir compris ta requête silencieuse et de s'exprimer à place.

Ce n'est pourtant pas la peine parce que tu as vite retrouvé ce que tu voulais dire. Ton esprit est lent, alors Lilio a simplement comblé le vide, maintenant la conversation a un stade fluide. Et pourtant, tu ne peux pas t'empêcher de rester frustré, comme si on te dépouillait d'un avantage, te bridait dans ta liberté d'agir ou de dire. Grommelant, tu te réveilles seulement de ton dôme d'apathie pour te reconcentrer sur le moment présent après de moults appel de ton ancien meilleur ami.

Et, telle une machine à vapeur, ton encéphale trouve promptement son moteur à mensonges crédibles -ceux qui surviennent en cas d'urgence- que tu t'empresses d'exposer posément, l'air de rien.

- Hein ? Ah oui. J'étais dans mes pensées.

Parce que ce fait n'est pas vérifiable et qu'il est avéré, quelque part. Tu fais partie de ce pourcentage de la population à trop penser au point de te recroqueviller mentalement dans une bulle insonore dans laquelle tu voltiges en toute légèreté. Ce n'est pas ton genre de dévoiler l'objet de tes analyses mentales, même si celles que tu avais concernaient ton interlocuteur et sa quête de souvenirs d'enfance. Pour toi, les pensées sont personnelles et ne doivent sortir de la sphère de la tête.

Te massant une tempe pour illustrer, tu choppes ensuite la moitié de ton gâteau au citron que Lilio te tend, et accepte plutôt docilement de manger une part. Il s'inquiète véritablement et prend même en compte ton taux de glycémie quand il capte ta pâleur de teint. Tu ne protestes pas, restant inactif jusqu'au moment où l'Exe te repasse ta veste et qu'il t'enveloppe avec. C'est typique de cette race. Connaissant la misère des bidonvilles des District en sous-développement, l'empathie les ravagent et les exposent à tes sentiments d'altruisme au point de s'en oublier eux-mêmes. En soi, tu t'en fiches, cela dit, dans ta situation neurologique précise, tu ne peux tolérer qu'on s'occupe de toi comme ça. Tu devras suffisamment te laisser manipuler quand tu seras sénile et plus capable de te lever pour aller pisser. Alors, tant que tu as toutes tes facultés, tu préférais que ce genre de situation ne se reproduises pas.  

Tu fronces les sourcils et rabats la veste qui est en train d'échouer sur ton épaule.

- Tu pouvais la garder hein, humpfr...

Toujours aussi râleur, tu te renfrognes légèrement, appuyant la surface de ton dos voûté contre tes coudes, tenant ton poignet gauche de ta dextre. Menton dans le labyrinthe de ton mouvement, ta question est rhétorique.

- La lecture ? Oula moi je ne sais plus quand j'ai pris un vrai livre entre mes mains. Tu te grattes le menton pour réfléchir puis hoche légèrement la tête. Ouais sauf les grimoires qu'on utilise pour faire du jeu de rôles, même si maintenant je fais plus via internet que sur table.

Te rendant compte que tu as trop tourné la conversation en ta faveur, tu bifurques directement dans sa direction, plutôt curieux.

- Le Centre... C'était comment exactement ? Je veux dire... À part les expériences ? Ton quotidien.

Même si tu essayes d'avoir du tact, faut bien avouer ce que n'est pas ta matière préférée. Tu sais que tes parents ont fortement été impliqués sur la recherche en utilisant les Exes comme cobayes, mais tu as toujours fait l'autruche, inconsciemment, suite à leurs activités, te concentrant sur les tiennes.

- Vous aviez accès à la nourriture ? À l'eau courante ? Aux activités ? Enfin d'après ce que tu me dis pas trop, mais où était la limite à ce que vous avez le droit ou non ?

Gestuel, tu mimes la ligne invisible en gardant une paume à la verticale, les doigts adjacents démarrant de celle-ci pour se tendre vers l'extérieur.  

T'es pas trop branché social, alors tes tournures de phrases peuvent paraître maladroites. En réalité, tu es juste en quête de vérité. Des réponses doivent t'être apportés afin de ne pas laisser tes questions se perdre dans un essaim d'incompréhensions.

- Tu n'es pas obligé de me répondre.

Que tu avances quand même pour laisser une échappatoire à ton interlocuteur, bien que ton désir profond aille totalement à l'encontre de la solution de repli que tu lui proposes.

Jeu 8 Oct - 3:56
Lilio De Lucas
Utilisateur
avatar
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Apparemment, le fait d'être le centre de l'attention n'est pas non plus quelque chose qui plaît à Milo. Mais sûrement pas pour les mêmes raisons. C'est dans ces moments-là que Lilio aspirait à n'avoir jamais quitté son ex-meilleur ami, pour n'avoir jamais interrompu leur ligne directrice.

L'exe fronce les sourcils lorsque son interlocuteur grogne. Du peu qu'il se souvenait, Milo avait toujours été jovial, mais là, il lui fait voir un Milo qui lui est totalement inconnu. Ça a le mérite, de le faire reculer, et déposer son dos contre la chaise, se concentrant sur le tableau au dessous de la tête de l'étudiant en l'écoutant distraitement alors que vos point communs pendant l'enfance si forts se brisent un peu plus à chacun de ses mots.

- Du Jeu de rôle ? Ça me parle... Annonça t-il. Hé, mais tu vois que tu as un hobby !

Il avait déjà entendu parler des étudiants et les plus jeunes, un jeu qui consistait a interpréter un personnage comme on l'entendait. Une pratique qui permettait un exutoire pour des personnes fuyant leur présent assez douloureux. Peut-être que jouer à ce jeu pourrait le faire voir la vie d'un autre point de vue ? Ce que Lilio voulait par-dessus tout, c'est continuer sa vie d'antan, de vivre sereinement.

- Un jour, j'aimerais bien voir comment ça marche, tu me feras voir ?

Lilio perd son sourire, progressivement, à force d'écouter son meilleur ami d'enfance se complaire dans des suggestions fabuleuses du Centre qui sont loin d’être la sombre réalité. Le faisant replonger dans des souvenirs équivoques.

- Tu sais Milo, c’était loin d'être un hôtel quatre étoiles, dit-il un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. Certes, nous avions un toit sur la tête, mais nous étions soumis à des règles.

Doucement, il descend son regard sur Milo pour capter son regard, certes il rajoute que s'il n'avait pas envie de lui répondre, il n'en était pas obligé, mais Lilio s'était largement avancé pour s’arrêter en si bon chemin.

- J'espère que tu as du temps, car ça va être assez long...

L'exe soupire et se triture les mains, baissant le regard vers ces dernières:

- J'avais dix ans quand je me suis réveillé dans le centre. Le petit garçon que j’étais, pensait à une plaisanterie, mais j'ai vite compris que c’était loin d'être une mascarade qu'on faisait pour effrayer les enfants. En plus des longues expériences qu'on nous faisait subir sans la moindre empathie, les activités étaient strictement réservées à un bourrage de crâne sur la belle fondation qu'était le gouvernement, des séances de sport intensifs pour contrôler nos capacités physiques. Tu comprends très vite qu'avec mon gabarit je n’étais pas très fort en sport, dit-il en continuant avec un sourire, se moquant de lui même.C’était presque l'armée. Tu mangeais ce qu'on te donnait, accepter avec délectation la pause télé de dix minutes, et tu fermais les yeux quand le couvre-feu sonnait, de peur des represailles. Tu deviens muet, te plais a t'imaginer d'autre périodes de ta vie, meilleures. Tu te demandes si cet enfer aura une fin, ou est-ce que les expériences auront raison de toi et de ta vie aussi gâchée soit elle.

Lilio remonte son regard nébuleux et brillant vers son interlocuteur et se frotte le nez. Mais ce ne fut pas la mucosité habituelle, mais des traces de sang qui maculait le revers de sa main. Il en avait l'habitude et n'en fut pas surpris, récupérant sa serviette en papier, Lilio opéra une pression sur son nez. Encore un effet indésirable que provoquaient les nombreuses expériences. Il pouvait saigner n'importe où et a n'importe quel moment, pour aucune raison.

- J’étais plus intellectuel que physique, je me faisais souvent réprimander, car on me trouvait dans la salle de repos avec un livre plutôt qu'au cours de sport, dit-il en pouffant un peu. Mais avec le temps, tu te fais une raison, enfin pour ma part, je m'étais fait une raison que je ne sortirais pas vivant de ce centre.

Le serveur revint cette fois-ci avec les bonnes boissons qu'il s'empressa d'y tremper les lèvres, savourant le liquide chaud coulant le long de sa trachée.

- Mais je suis encore là, dit le brun en posant le gobelet sur la table, mais n'y retirant pas ses mains du carton. J'aimerais profiter comme je peux, ce que je n'ai pas pu connaître, profiter de chaque moment comme si c’était le dernier.

L'exe remonta son regard vers Milo et lui sourit pauvrement.

- Je sais que mon caractère fait comprendre le contraire, mais nos cerveaux et nos caractères sont des singularités propres.

Il passa une main paresseuse dans ses cheveux et secoua un peu la tête comme pour en enlever de mauvaises idées.

- Enfin bref, dit-il en envoyant valser de sa main l'ancienne conversation. Que faisais-tu là, maintenant que tu habites au district 1? Tu avais un peu le mal du pays ?

La question avait déjà été posé devant l'école, mais l’émotion ne lui avait pas permis d'y répondre, alors autant la reposer afin d'avoir apercevoir une réponse.

Lun 26 Oct - 12:47
Milo Janssen
Utilisateur
Milo Janssen
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?

Le ton enjoué de Lilio sur un élément minime de ta vie, te faire tendre un sourire réfractaire. Pourquoi montrer autant de joie en un milieu qui te concerne ? Décidément, tu trouves ton interlocuteur bien étrange, à moins que ce qui te dérange soit sa capacité naturelle à évoquer ses émotions alors que tu sembles en être parfaitement incapable. N'étant pas réellement en phase avec la manière dont il se sent, tout en te montrant pas objectivement disposé à répondre à son besoin émotionnel, tu le contredis.

- Ce n'est pas vraiment un hobby mais quelque chose que j'apprécie faire en dehors du travail. Prenant une pause en réalisant l'énormité de ta contradiction, tu évacues un souffle de mécontentement à ton encontre. Tu as voulu lui dessiller les yeux mais tu sais que ton ancien meilleur ami n'est pas si dupe qu'il le laisse croire. Chassant l'air comme si tu voulais annuler tes paroles, tu reprends. Ouais j'ai un hobby.

Et Lilio reste curieux, avide de détails et pour toi qui adore les abstractions et les théories, tu n'as pas de mal à lui fournir ce qu'il réclame.

- Si tu veux. En fait c'est assez simple, mais très complet à la fois. J'y joue pas mal avec un pote à moi qui est un très bon Maître du Jeu et rien qu'une partie peut prendre plusieurs heures, et tu penses bien qu'entre mon emploi du temps actuel plus mes devoirs, je trouve rarement le temps d'en faire. Alors tu combines ça à mon nouveau hobby forcé et tu peux attendre au moins cinq ans avant que je te montre réellement, et d'ici là, j'aurai surement arrêté d'en faire.

C'est vrai, lui faire espérer un évènement qui n'aurait jamais lieu simplement pour le rassurer et instaurer une tranquillité d'esprit chez ton ancien meilleur ami est quelque chose d'inconcevable pour toi. Tu peines tellement à lui donner chaleur et soutien qu'il mérite, et pour cause, ta question intrusive le mis complètement sur ses gardes alors que tu as simplement voulu que les faits soient mis sur table, expliqués correctement et succinctement.

Ne te sentant pas menacé par sa remarque, tu te connectes à ta puce intérieure et commences à y recueillir toutes les données, enregistrant les fragments qui t'intéressent. Révélations possédant des reliefs intéressants, tu apprends, par exemple, que les expériences sont soumises à des tests physiques. Te séparant de l'aspect émotionnel que Lilio apporte à son histoire, tu vérifies plutôt la cohérence de ses propos. Pourquoi serait-ce si utile pour les scientifiques du département de la Fondation de s'assurer à ce que les cobayes fassent du sport ? À moins que ce ne soit pas pour des conditions alambiquées comme la possibilité de recevoir une greffe qui servira ensuite pour les sportifs souhaitant améliorer leurs performances ou les malades à qui il manque un membre ou un organe, tu n'en vois pas d'autres intérêts. Ce que t'apporte ton interlocuteur est bien trop limité, la Fondation a suffisamment de fond pour se payer de nouveaux cobayes pour ne pas vouloir abîmer les anciens.

Mais au fond, qui es-tu pour parler ? Ce n'est pas le secteur que tu vises, tu te permets juste quelques hypothèses intrinsèques en étant plutôt soulagé de savoir que Lilio ne peut entendre tes pensées.

Voyant deux sillons métalliques s'écoulant du tube nasal de ton vis-à-vis, tu réagis vite et fais glisser une serviette de papier comme si elle avait toujours été sous ses doigts. Patient, tu écoutes la suite de ses annales avec tout un tas de questions qui te brûlent les lèvres. Mais l'interrompre maintenant l'empêcherait de finir de dire tout ce qu'il peut dévoiler naturellement. Tu ne t'offusques d'attendre ton tour, car, avant de t'exprimer, peut-être que certaines de tes interrogations trouveront réponses dans sa bouche sans que tu n'aies à ouvrir la tienne.

Quand Lilio évoque la salle de repos, tu pouffes à sa suite, le laissant croire en une bien pauvre imitation alors que le concept te paraît d'un ridicule sans nom. À croire que les expériences ont accès à bien plus de privilèges que les travailleurs du District 1.

À la finale, malgré son discours déprimant à souhait, tu le trouves bien optimiste. Toi, tu t'es toujours vu comme combatif, mais tu n'as jamais eu cette légèreté d'esprit à te laisser porter par la vague de tes émotions et d'en profiter là où le courant dérive.  

- Et comment comptes-tu t'y prendre... Pour, profiter ?

La lenteur à laquelle tes mots se modèlent laisse penser que tu ne veux pas être pris à la légère. Comme si la vérité de Lilio t'aiderait à y voir plus clair et t'ouvrirais la voie. Tu as besoin d'avoir une réponse émotionnelle pour cette fois-ci et tu sais que tu peux la trouver chez lui, en son contact.

Car toi, tout ce que tu as trouvé à faire, c'est de rendre un de tes travaux au monde pour le révolutionner et faire rentrer ton nom dans l'Histoire. Et même si tu sais que tu n'en démordras pas, sachant pertinemment quelle ligne directrice tu veux suivre, avoir un perçu d'un tout autre état d'esprit pourrait effacer cette impression d'incertitude qui te ronge peu à peu chaque matin.

Aah que tu bénis cette seconde. Cette toute microseconde que, lorsque tu t'éveilles, ton cerveau est en léger décalage avec ton corps et flotte dans le néant avant de se remettre immédiatement à penser.

Lilio éjecte la conservation par un revers de main et rapidement, on en vient encore à toi. Tous les deux vous jetiez la balle à tour de rôle pour ne pas parler qu'exclusivement que de vous. À la différence que ton jeu est plus intelligent, car, des deux, c'est toi qui en as dit le moins sur ta condition.

- Non pas du tout. Je cherchais à affiner mon code à travers des paysages plus vétustes que ce qu'on trouve dans le District 1, pour m'en inspirer sur les effets de textures du jeu sur lequel je bosse actuellement.

Il fallait que tu lui mentes, et tu le fais avec une facilité déconcertante. Tu emboîtes bien vite sur ta sensation extravertie en pointant son nez de l'index.

- Et toi, ton nez va mieux ? Je n'ai jamais vu quelqu'un saigné autant. Est-ce que c'est l'une des conséquences des expériences que tu as subies ? Même si tu parles, ton esprit n'arrête pas de cogiter et si l'enchainement peut paraître logique et naturel pour toi, il doit être complètement aléatoire dans la version de Lilio. Vous aviez la télévision ? Et elle diffusait quoi, des messages de propagande ? L'histoire des salles de repos me paraît étonnante, y avait quoi exactement à l'intérieur ? Des poufs et une machine à café ?

Ton dos se plaque de nouveau contre ta chaise pendant que tu mènes ta jambe gauche en équerre sur sa voisine.

- C'est drôle mais j'imaginais des cages virtuelles avec l'air conditionné et un coussin blanc. Les cages rondes tu sais. Enfin ça m'a simplement effleuré l'esprit hein.

Toi qui aimes ce qui est exact, tu constates que l'idée que tu t'en faisais n'est qu'une image clichée et quelque part, tu es bien content que Lilio soit venu instaurer la vérité pure, ne te laissant pas dans l'ignorance totale.

Lun 9 Nov - 4:06
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?


Dis, tu te souviens quand on étais encore que des enfants?


Sauter vers: